Une citation

"He already missed the innate gentleness that she tried to hide. Though she had been jaded in the past few years, it was still there lurking in her eyes, in her smile, and in the tender she touched him with awe, as if she had never considered that what they found together might exist." The Duchess Takes a Husband - Harper St. George

jeudi 31 octobre 2019

Les brumes de Riverton de Kate Morton

Pocket - Avril 2019
Résumé Au cours de l'été 1924, dans la propriété de Riverton, l'étoile montante de la poésie anglaise, lord Robert Hunter, se donne la mort au bord d'un lac, lors d'une soirée de la haute société. Dès lors, les soeurs Emmeline et Hannah Hartford, seuls témoins de ce drame, ne se sont plus adressé la parole. Selon la rumeur, l'une était sa fiancée et l'autre son amante...
En 1999, une jeune réalisatrice décide de faire un film autour de ce scandale des années vingt et s'adresse au dernier témoin vivant, Grace Bradley, employée à l'époque comme domestique au château. Grace s'est toujours efforcée d'oublier cette nuit-là et le poids des souvenirs. Mais les fantômes du passé ne demandent qu'à se réveiller...
Kate Morton est une jeune auteure dont l'univers m'intrigue depuis de nombreuses années. Au gré de mes (rares) incursions livresques de ces derniers temps, je me suis enfin écoutée pour attraper son premier roman dans ma PAL. Les Brumes de Riverton, dont le titre évocateur, mystérieux et romantique, fait écho à d'autres univers romanesques indétrônables, a depuis été suivi de nombreuses autres parutions, qui m'ont l'air aussi chargées de cette atmosphère si délicieusement surannée, tandis que le succès de l'auteure ne se dément pas. 
A la réflexion, plusieurs semaines après avoir refermé la dernière page, je reste dans un entre-deux, avec l'envie de renouveler l'expérience, histoire d'en avoir le cœur net.
Ce roman est vraiment bien construit, ce qui pour moi est un gage de succès : les aller-retours fréquents entre passé et présent lui donnent une charpente solide et l'on a envie d'en savoir plus sur tous les niveaux de la narration.
Au présent, nous faisons la connaissance d'Ursula, une jeune réalisatrice qui se donne pour but de recréer la vie passée du domaine aristocratique de Riverton, fief de la famille Hartford, mais surtout pour tenter de donner un interprétation sensée au drame qui en a secoué les fondations : le suicide, oh combien romantique, du jeune poète lord Robert Hunter, sur les rives du lac familial, sous les yeux des deux jeunes sœurs Hartford. Pour ce faire, elle rencontre la dernière survivante de l'époque, Grace Bradley, aujourd'hui quasi centenaire, qui vit en maison de retraite et se fait la narratrice du récit. 
Dans le passé, l'histoire, racontée par Grace qui, au fil des pages, se remémore les événements, commence à l'aube du 20ème siècle, avec son intégration, en tant que jeune bonne de 14 ans, dans la domesticité de Riverton.
Pages après pages, les deux périodes vont s'entremêler richement et harmonieusement, Grace évoquant sa jeunesse, son évolution intérieure autant que sociale, au sein de cette famille avec laquelle elle a tant d'affinités, et surtout avec Hannah, l'aînée des sœurs, un personnage décidé, tranchant, affirmé, mais dont les ambitions personnelles se verront rogner les ailes à cause des conventions sociales pesant si lourdement sur les femmes.
J'ai aimé suivre leur histoire à tous, traversée par les grandes conquêtes technologiques qui ont marqué cette période, mais aussi par les évolutions sociales, ou psychologiques des personnages, sans oublier la dramatique saignée occasionnée par la Grande Guerre. Tout est très bien rendu, vivant, et passionnant. 
Evidemment, si l'on aime les univers à la Downtown Abbey, on ne peut qu'être conquis !
Je suis néanmoins un peu plus mitigée sur le rythme de cette épopée... Le pitch de départ - le suicide du jeune poète, et le rôle qu'y ont joué les deux jeunes sœurs - fait un peu trop gadget, malheureusement. On attend, on attend, on attend... En vérité, Robert Hunter habite réellement l'intrigue dans le dernier quart du roman. Ce qui est bien dommage. Mais j'imagine qu'une fois qu'on le sait, la déception est moindre... 
Du coup, le côté "grande histoire romantique" passe un peu à la trappe, pour laisser beaucoup de place à d'autres épisodes, comme la vie londonienne de Hannah, qui m'a un peu lassée par son côté répétitif. Lorsque l'histoire de Robert commence vraiment, c'est un soulagement ! Alors, bien sûr, on connaît l'issue fatale de l'histoire, mais il n'empêche qu'on en attend du panache... C'est vrai que la scène du suicide est surprenante... mais malheureusement, je n'ai absolument pas réussi à y croire. Après la tonalité générale du récit, j'ai trouvé qu'elle était trop forcée. Et là, je me suis sentie un peu triste, car j'avais réellement envie d'y croire...
Lorsque l'on retourne au présent, on ne peut en tout cas qu'apprécier la compagnie de cette drôle de dame qu'était Grace, à la fois témoin et actrice de ces temps anciens où l'on se donnait entièrement à d'autres sous couvert des conventions sociales, avec une totale abnégation et en toute innocence. Son parcours force l'admiration. J'aurais aimé même que l'auteur soit plus précise sur son cheminement, car j'ai eu l'impression que, elle, contrairement à Hannah l'aristocrate, n'a pas eu droit à la même exhaustivité, alors que sa vie est tout à fait atypique.
Ce fut en tout cas une belle aventure et un voyage dans le temps que je recommande si vous avez envie de cette Belle époque, avec son décorum aristocratique, ses ballets silencieux et révérencieux des domestiques, ses codes et sa grandeur, ses secrets et ses drames.
, 5 / 5

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire