Une citation

"He already missed the innate gentleness that she tried to hide. Though she had been jaded in the past few years, it was still there lurking in her eyes, in her smile, and in the tender she touched him with awe, as if she had never considered that what they found together might exist." The Duchess Takes a Husband - Harper St. George

dimanche 1 mars 2015

Les fourberies de l'amour de Georgette Heyer

Milady - Octobre 2014
Titre VO : False Colours
Résumé Un gentleman peut en cacher un autre… 
Pour rendre service à sa mère criblée de dettes, Evelyn Denvill, dandy désinvolte, accepte de jouer la comédie de l’amour à Cressida Stavely, issue d’une famille fortunée, dans l’espoir de restaurer les finances familiales. Mais le soir où un dîner est donné en son honneur par la famille de sa fiancée, Evelyn disparaît. Son frère jumeau, lord Christopher, accepte à contrecœur de le remplacer à cette réception. Et comme le hasard fait bien les choses, le jeune homme tombe sous le charme de la ravissante fiancée de son frère…
Quand je lis un roman de Georgette Heyer je garde toujours à l'esprit le fait qu'elle a tout inventé dans la romance régence. Toutes les situations dites convenues aujourd'hui, les libertins, les jumeaux, les laissées-pour-compte, les vieilles dragonnes de l'aristocraties, les jeunes loups, les évaporées, les attaques de brigands, les courses de chevaux, les bals, bref, tout ce qui sert encore de nos jours à dresser des intrigues historiques est apparu, pratiquement à coup sûr, pour la première fois, dans un de ses nombreux romans. 
Rien qu'à ce titre, j'adore partir à la découverte de cette auteur si prolixe, et rien qu'à ce titre, je suis sûre de passer un excellent moment de lecture en sa compagnie.
Je m'aperçois, à la lecture de celui-ci, que l'intrigue en tant que telle n'a pas grand mérite. Ce qui retient mon attention, ce qui me séduit totalement, ce sont bien l'écriture, les personnages et l'esprit. 
Soit, c'est une traduction. Sans doute pourrait-on déplorer quelques lourdeurs. Mais que cette langue est piquante ! Moins drôle que d'autres titres, ce roman-ci déploie pourtant l'élégante ironie de l'auteur, qui manie divinement les piques sucrées-salées et les portraits insidieusement vitriolés de la haute société. 
La mère affolante, un brin manipulatrice, sentimentale et adorable, sans pour autant susciter l’écœurement, la grand-mère qui crache le feu et éclate de rire dans le secret de sa chambre, le vieux beau hédoniste tout gonflé de gourmandise, confit de confort, et honnête homme au charme un rien inattendu, le jeune gandin adolescent, gommeux fils-à-maman paresseux et noceur en devenir, le valet autoritaire, pro du dandysme, associé au cocher bourru qui n'a pas l'habitude des ronds de jambe, la vieille nourrice qui apporte son verre de lait chaud à Evelyn, et puis les deux frères jumeaux affectueux, joueurs, aux yeux espiègles et rieurs, et l'héroïne moderne et vive, attentive à ceux qu'elle aime et prompte à saisir les sous-entendus...
La galerie de personnages, comme souvent chez Heyer, fait penser au théâtre de boulevard du début du 20ème siècle, avec des arrivées, des sorties, des disparitions et des retrouvailles, des retournements, et ces dialogues incroyablement vivants, plus quelques chastes baisers. Bref, me voilà de nouveau conquise.
La Régence mâtinée de Feydeau, tout un programme ! Je ne m'en lasse pas.
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