Une citation

"He already missed the innate gentleness that she tried to hide. Though she had been jaded in the past few years, it was still there lurking in her eyes, in her smile, and in the tender she touched him with awe, as if she had never considered that what they found together might exist." The Duchess Takes a Husband - Harper St. George

samedi 31 mai 2014

The Dangerous Mr Ryder de Louise Allen

Tome 1 de la série "Ces scandaleux Ravenhurst"
Harlequin - Juillet 2007
Résumé éditeur (Traduction everalice) : Il sait qu'escorter la hautaine Grande Duchesse de Mauburg en Angleterre ne sera pas une tâche facile. Mais Jack Ryder , espion et aventurier, pense qu'il est tout à fait capable de gérer Son Altesse Sérénissime. Rien ne l'a préparé à sa beauté, à sa jeunesse, ou à la façon dont sa nature sensuelle transparaît sous la froideur qu'elle affiche.
Et ce qui a commencé comme une mission de routine prend rapidement un tour beaucoup plus personnel.
Un Louise Allen au mieux de sa forme, voilà qui laisse présager quelques heures de bonheur...
Pour une entrée de série, elle brille de tout son talent, ce qui rappelle pourquoi on l'aime, Louise Allen :
* Des héros charismatiques, forts et très présents, qui se titillent, se testent, et se tombent dans les bras, honnêtes, épris et tendres. Dialogues vifs, intimistes, vie intérieure bien rendue sans plomber le récit, et sensualité à fleur de peau. Le tout parsemé de touches d'humour ou d'émotions distillées à la juste dose. Un régal... Ah, La Grande Duchesse pompette, qu'elle est drôle et mignonne, face à un Jake attendri et pince-sans-rire ! 
* Une intrigue sans lenteur, puisqu'elle repose sur un voyage qui mène les héros du royaume imaginaire de Mauburg (une sorte de Monaco, niché vers les Alpes) à Waterloo, en passant par les rives du Rhône, pour s'amarrer un temps à Londres avant d'en repartir... La majeure partie de leurs péripéties se situent d'ailleurs en France, le pays ennemi, puisqu'on est à la veille de la bataille de Waterloo. Le tout laisse largement le temps à Eva et à Jake d'apprendre à s'aimer, à se vouloir, et à se débattre pour extirper de leurs situations respectives une possibilité de bonheur commun. Un délice...
* Du rire, des larmes, des coups de chaud, des frissons, tout ce qu'il faut pour passer un moment à la fois charmant et extrêmement romantique, avec deux héros aussi séduisants l'un que l'autre, mais surtout, évidemment, un personnage masculin vibrant, énergique et parfaitement maitrisé. Jake Ryder, de son vrai nom... Il faudra le lire pour le découvrir !
Et encore une fois, la question qui fâche : pourquoi donc a-t-on décidé chez Harlequin France de faire l'impasse sur ce premier tome, qui vaut largement les tomes suivants et qui est même meilleur que certains de la série? 
En tout cas, si vous avez envie d'une lecture de quelques heures fraîche et enjouée, précipitez-vous sur ce titre. On en ressort le sourire aux lèvres et le cœur léger...
Une cuvée d'excellence, ça ne se refuse décidément pas !
, 5 / 5


jeudi 29 mai 2014

Un ténébreux voisin de Caroline Linden

Tome 2 de la série "Scandales"
 J'Ai Lu - Mai 2015
Titre VO : It Takes a Scandal
Résumé éditeur (Traduction everalice) :  Parfois, il faut un scandale pour mettre à jour les désirs de son cœur...Abigail Weston a tout pour elle : la beauté, l'esprit, et l'une des dots les plus conséquentes d'Angleterre. Ses parents espèrent qu'elle épousera un comte. Abigail rêve d'un homme qui la désirera avec passion. Mais son argent semble aveugler tous les hommes qu'elle rencontre, à l'exception d'un seul.Sebastian Vane n'a rien. Il est revenu de la guerre gravement blessé à la jambe, pour découvrir que son père est devenu fou et qu'il ne reste rien de son héritage. Il lui est impossible de courtiser quiconque, encore moins une héritière. Mais Abigail illumine son univers à la manière d'une comète, brillante, merveilleuse et bien plus sensible à l'homme qu'il est plutôt qu'à sa réputation en ruine. Et cela pourrait les conduire au bonheur éternel...
Jusqu'au jour où Benedicte Lennox courtise Abigail. Ben est tout ce que Sebastian n'est pas : riche, plein de charme et héritier d'un comte. Sebastian ne renoncera pas à la seule jeune fille qu'il ait jamais aimée sans se battre. Mais Abigail doit faire un choix, entre le gentleman sans fortune qui fait vibrer son cœur, et le prétendant qui correspond si bien aux vœux de ses parents...
Lu en VO.
Si le résumé reprend fidèlement la trame générale de l'histoire, la couverture en revanche me laisse perplexe. Les couleurs criardes et le couple lascif peuvent donner une fausse idée de l'atmosphère de ce roman. 
Car cette histoire, très bien écrite, avec beaucoup de finesse et de sensualité, n'est en rien tape-à-l’œil. Ce qui n'a rien d'étonnant, car le talent de Caroline Linden, et c'est bien pour ça que je l'apprécie toujours autant, est beaucoup plus nuancé que le laisse penser cette mise en scène malheureuse qui pique les yeux.
Comme dans le tome 1, son histoire met en scène des héros très humains, dans un cadre permanent et authentique (la campagne autour de Londres), et une trame qui avance à petits pas, toute en justesse.
L'héroïne est issue d'une famille de nouveaux riches que la bonne société londonienne a snobée. Abigail Weston est une jeune fille vive et intelligente, qui n'hésite pas à mettre ses désirs en paroles et en actes. Lorsqu'elle rencontre Sebastian, l'alchimie entre eux est immédiate, et on peut parler de coup de foudre. Mais on n'aura pas de jeu du chat et de la souris. Chaque héros sait ce qu'il veut, elle surtout, honnête, curieuse, sensuelle et prête à tout pour l'amour de sa vie, et lui, qui résiste pour l'honneur mais qui ne cesse de revenir à elle comme un boomerang, malgré toute ses dénégations.
Quelle belle histoire d'amour, surtout lorsque le héros, pour une fois, n'est pas de ces aristocrates alphas plus-plus, mais un héros, devenu un paria dans la campagne de son enfance, dont les rêves et la vie ont été brisés net six ans auparavant par une accumulation de circonstances toutes plus dramatiques les unes que les autres. Un héros très séduisant, sombre au départ, mais qui peu à peu reprend goût à la vie. Sans pathos ni effet de manche, Caroline Linden brosse le portrait d'un homme profondément meurtri, triste et solitaire, dont le cœur s'attendrit et frémit de tendresse et d'amour. Ici, pas de Malentendu, pas de Non-Dit, pas de Mensonge, pas de Honteux Secret, ce sont les circonstances qui se dressent entre les deux amoureux, mais chacun se retrouve déterminé à se dresser face à l'adversité pour gagner son droit au bonheur avec l'autre.
Dans la seconde partie, le récit s'intensifie, avec l'apparition de Lord Benedicte dans le paysage amoureux, car les relations entre les deux hommes communiquent une forte tension au récit, en même tant que la personnalité de Penelope, la soeur d'Abigail, prend de l'ampleur. J'ai d'ailleurs regretté de ne pas pouvoir enchaîner avec l'histoire de cette dernière qui est, à ce jour, en cours d'écriture. Car qu'adviendra-t-il de son profond sentiment de mépris, voire de haine, à l'égard de Benedict? Son attitude ne cacherait-elle pas quelque chose? Ou l'auteur nous entraînera-t-elle vers tout autre chose? 
Comme dans le tome 1, les écrits licencieux d'une certaine Lady Constance, qui fait paraître à intervalles réguliers des pamphlets dignes d'un Fifty Shades à l'ancienne, tiennent une grande place dans l'éveil de la curiosité charnelle d'Abigail, tout en créant un lien sensuel quasi immédiat avec Sebastian. J'ai trouvé que le traitement de la question sexuelle était très original, avec ces jeunes filles qui n'ont pas peur d'exprimer leurs envies en lisant cette sorte de romance corsée sous le manteau.
Les derniers chapitres, qui font la part belle à l'élucidation des mystères qui entourent les accusations portées à l'encontre de Sebastian, m'ont moins plu, mais il faut avouer qu'ils étaient un passage obligé. Pourtant je n'ai pas boudé mon plaisir, car, à ma grande joie, ce tome 2 a tenu toutes ses promesses. Je l'ai même préféré au tome 1, qui m'avait déjà pleinement convaincue ! Vivement la suite !
Voilà vraiment une série que je recommande, pour les âmes romantiques qui aiment les histoires bien écrites aux beaux personnages. Avec à la clé de belles pages passionnées, des héros attachants, à la psychologie richement détaillée, adorablement humains, pleins de tendresse et d'envie d'amour, et des rapports avec les personnages secondaires complexes et développés, le tout enserré dans des cadres magnifiquement anglais, les forêts, les promenades, les demeures, et les rituels de l'époque très présents.
Caroline Linden, avec son écriture romantique et originale, mais sans esbrouffe, me plaît tellement que j'ai d'ores et déjà prévu de m'atteler à ses deux autres séries inédites en VF.
, 25 / 5

dimanche 25 mai 2014

The Autumn Bride d'Anne gracie


Berkley Sensation - Janvier 2013
Finaliste catégorie Historical romance aux Rita Awards 2014
Résumé éditeur (traduction everalice) : Abigail Chantry est une gouvernante qui fera tout son possible pour sauver sa sœur et ses deux plus chères amies de la ruine, même s'il s'agit de s'introduire dans une demeure vide avec l'espoir d'y trouver des objets à revendre. A la place des trésors convoités, elle découvre la propriétaire, Lady Beatrice Davenham, alitée et abandonnée à elle-même. Horrifiée, Abby renvoie les barbares serviteurs de Lady Beatrice et, avec la coopération pleine et entière de la vieille dame, les quatre jeunes femmes deviennent ses nièces, faisant ainsi table rase de tous leurs motifs d'inquiétudes.
La situation est parfaite, jusqu'à l'arrivée du neveu de Lady Beatrice, Max, le séduisant et très arrogant Lord Davenham, de retour d'Orient, qui découvre qu'une imposteur dirige sa maisonnée...
Ces deux opposants aussi entêtés que passionnés ne s'attendaient pas à un tel imbroglio romantique, mais tomber amoureux peut être aussi inévitable que la chute des feuilles en automne...
L'histoire
Franchement, je me demande bien ce que ce roman fait au milieu de la sélection historique des fameux Rita Awards, surtout lorsqu'on voit quelles pépites y brillent cette année ! The Autumn Bride ne doit pas manquer de qualités pour avoir été retenu, mais personnellement, j'y suis restée très hermétique.
D'abord, l'intrigue ne m'a absolument pas convaincue, sans compter qu'elle a un air de déjà vu avec cette histoire de sœurs / amies associées autour d'un projet commun (cf Les soeurs Merridew). Abby, Jane, Daisy et Damaries sont quatre jeunes filles démunies qui, par sous l'effet de circonstances un rien exagérées, se retrouvent hébergées, en tant que fausses nièces, par une aristocrate sexagénaire abusée par sa domesticité. Le neveu de celle-ci, parti faire fortune en Orient depuis une bonne dizaine d'années, se décide à rentrer au bercail après avoir été alerté par une lettre de cette situation abusive. A peine débarqué, le voilà qui s'en prend à Abby, la tenant pour responsable des abus et des extortions dont sa tante a souffert. Le Grand Malentendu... ne dure qu'un temps. Attiré par la fausse-vraie gouvernante-invitée-nièce, le sieur Max, autoritaire et empétré par des lacunes langagières, ne peut absolument pas se laisser aller à convoiter la demoiselle qui cache, de son côté, bien des secrets. L'honneur lui commande en effet de donner suite à une promesse de mariage faite avant son départ pour les Indes, alors qu'il n'avait que 18 ans. Abby, quant à elle, se méfie fort de ce gentleman qui ressemble beaucoup à un précédent fâcheux qui, alors qu'elle était gouvernante chez une famille de province, aurait bien aimé lui voler davantage que quelques baisers. Méfiance, méfiance...

Mon sentiment
A la lecture du résumé, rien de bien extraordinaire. Mais il arrive qu'un résumé ordinaire et limite soporifique cache un véritable petit bolide, en fonction du traitement fait aux personnages, à l'intrigue, au rythme soutenu ou non des virages, des freinages abrupts, des coups d'accélérateurs ou des patinages en douceur. 
Hélas, ici, pas de divine surprise pour ce premier tome très décevant. On reste en mode poussif, limite rase-mottes. Les chapitres, ambitieux, enchâssés entre de belles citations variées de Jane Austen, s’enchaînent péniblement. Pour tout dire, la rencontre entre les deux héros n'a lieu qu'au chapitre 6, pratiquement au tiers du roman.
L'installation n'en finit plus de s'installer, on n'a qu'une envie, à ce moment-là, c'est de passer enfin en troisième au moins, et de ne plus se cantonner à la description sans fin de la rencontre avec la tante, de l'aménagement des filles, et des histoires des uns et des autres racontées par les uns et les autres. L'ennui me guettait déjà, mais je gardais néanmoins espoir. Ah, ils se rencontrent enfin, Max et Abby. 
Or le roman n'a pas décollé d'un iota. L'histoire est trop convenue, sans surprise et tirée par les cheveux : comment croire qu'une aristocrate au sommet des salons londoniens puisse disparaître du jour au lendemain de la scène mondaine sans éveiller aucune question? Comment croire à cette histoire de quatre jeunes filles débarquant ainsi chez une grand dame de la noblesse? Comment ne pas trouver Max et Abby très naïfs et limite crétins, à se poser sempiternellement toujours les mêmes questions? Et quel bizarre retournement lorsque Max, qui jure ses grands dieux tout au long de l'histoire que son honneur passe avant tout, décide finalement de tout envoyer au diable, tandis qu'Abby nous sert, sur la fin, une diatribe stupéfiante de naïveté sur l'amour éternel qui n'a que faire des différences sociales. 
Autant dire qu'Anne Gracie n'y va pas avec le dos de la cuillère et qu'elle martèle son propos avec la légèreté d'un 38 tonnes.
En résumé : 
*Les héros ne m'ont pas fait rêver du tout, tant leurs scènes à deux sont restées rares et leurs interactions plates.
*Cette impression de remplissage était vraiment pénible, les redites et les reredites sont un truc d'écrivain qui, une fois identifiés, ne pardonnent pas et cassent le rythme. Ça cahote, ça brinquebale, et ça finit par caler.
*On retrouve dans ce roman pratiquement tous les ingrédients qui garantissent le succès : le grand malentendu, la vieille tante excentrique, les domestiques complices, le héros sombre et autoritaire, l'héroïne quelconque et fabuleuse,... mais il manque l'étincelle qui aurait donné un peu de lustre à l'ensemble. Si humour il y avait, ou passion, ou profondeur, je suis passée complètement à côté. Dommage.
*Le héros du tome 2 ne m'attire pas plus que ça : c'est un dandy expansif qui mouline ses paroles comme s'il dévidait un fil à pèche capricieux. Je verrai si je continue la série ou pas. 
Quoi qu'il en soit, je reste encore confondue par cette déception.
 , 5 / 5

jeudi 22 mai 2014

Le bal des tentations de Leigh Michaels

Milady - Avril 2014
Titre VO : Just One Season in London
Résumé éditeur : La famille Ryecrof est ruinée. Pour assurer le bonheur de ses enfants, madame est prête à se vendre au plus offrant. Quant à son fils, il épousera une riche héritière si cela peut mettre sa sœur à l'abri du besoin. Une sœur qui, elle-même, est prête à préserver l'honneur des siens en renonçant à un mariage d'amour. La Saison londonienne s'annonce mouvementée pour Rye, Sophie et Miranda. Ils ne reculeront devant aucun sacrifice pour le bonheur des autres, mais c'est finalement le leur qu'ils vont trouver.
L'histoire
Parfait pour une lecture pleine de fraîcheur et de légèreté, ce petit roman régence m'a vraiment surprise. Personnellement, je trouvais que la couverture faisait pas mal "toc", et je l'ai ouvert un peu à reculons, mais j'étais très séduite, heureusement, par le résumé.
D'abord l'originalité de l'idée de départ m'a emballée : l'histoire propose non pas une, mais trois histoires d'amour qui se construisent parallèlement, au sein de la famille Ryecrof, désargentée et décidée à tirer le meilleur parti possible du marché matrimonial londonien. Chacun de ses membres décide, en son for intérieur, de tout faire pour améliorer les conditions de vie des deux autres.
Rye, le vicomte de Ryecrof, à peine majeur, mais la tête sur les épaules et aguerri par ses responsabilités de chef de famille, se met en quête d'une riche héritière. Tant pis si ce n'est pas le grand amour : pourvoir aux besoins de sa mère et de sa sœur est pour lui une priorité. Il rencontre par hasard Lady Stone qui lui mettra le pied à l'étrier... et le cœur en émoi, par le biais de sa dame de compagnie, la caustique Portia. Une dame de compagnie, aïe, il est bien loin du compte !
Sophy, la sœur de Lord Rycroft, 18 ans tout rond, d'une beauté ensorcelante, mais affublée d'un caractère et d'une langue affûtées, est prête à harponner un jeune et riche lord. Aussitôt dit, aussitôt fait, un demi-dieu blond à la parole douce comme le miel ne tarde pas à lui faire sa cour. Mais pourquoi cet excès de guimauve la laisse-t-il un tant soit peu écœurée? Et pourquoi ne peut-elle s'empêcher de surveiller cet autre élégant à l'incomparable prestance, riche à millions, soit, mais totalement dépourvu du vernis aristocratique requis?
Lady Ryecrof, la jeune et séduisante mère des deux "petits", renoue, elle, avec une ancienne passion, et se défend farouchement de tomber sous le charme pourtant irrésistible de son ancien amoureux de jeunesse. Ce couple-là se trouve tout de suite, mais n'en finira pourtant pas de se chercher.

Mon sentiment
Une bienheureuse surprise donc, car je ne m'attendais absolument pas à lire un roman aussi frais et enlevé, une sorte de vaudeville régence, avec portes qui s'ouvrent, se ferment ou s’entrebâillent, désirs cachés et vrais et faux desseins, et coups de pouce retors du destin en la personne d'une rombière déterminée à mener tout ce petit monde au bonheur comme une sorte de fée inavouée. J'ai beaucoup aimé revivre les mêmes scènes transcrites à travers les points de vue des trois personnages principaux, et j'ai adoré les voir naviguer dans leurs convictions, forts de leur amour et de leur tendresse pour les deux autres, si honnêtes et si sensibles tous les trois. On n'a pas ici de héros torturés, ou cyniques, ou souffreteux. Et que ça fait du bien, parfois, de respirer un air de comédie de salon en historique régence. Ici, les uns et les autres s'engagent et se dégagent dans un ballet gracieux et plein de maestria !
Trois héros, quelle riche idée ! Étonnamment, j'ai trouvé que l'histoire la plus développée était celle de la mère, et l'amour de sa vie, Winston, dégage un sacré charme. L'histoire de Rye, si elle est plus convenue, est elle aussi très bien amenée. Mon énorme regret, c'est que la relation entre Sophy, la sœur, et ..., n'ait pas donné lieu à plus de scènes, tant j'ai aimé ces deux personnages, leurs interactions et leurs différences. Je regrette de n'en pas savoir davantage sur eux : comment ils sont tombés amoureux ou l'évolution de leurs sentiments, tandis que la fin, malheureusement, est bien abrupte... Il manque un chapitre, ou un épilogue, qui aurait permis de ne pas fermer ce livre avec des regrets. Eux n'ont pas eu droit à leur scène d'amour, peut-être est-cela qui m'a manqué? On prend vite de mauvaises habitudes dans ce genre de littérature !
 , 75 / 5

lundi 19 mai 2014

La scandaleuse de Nicola Cornick

Tome 4 de la série "Scandalous"
Harlequin - Mai 2014
Titre VO : Notorious

Résumé éditeur : Londres, Régence
Susanna, en chair et en os ? Impossible ! Et pourtant… James Devlin, stupéfait, doit se rendre à l’évidence : c’est bien sa première épouse qui rit et danse avec insouciance au bal le plus prisé de la saison, et qui fait mine de ne pas le reconnaître ! Comment Susanna ose-t-elle réapparaître ainsi comme si de rien n’était, après avoir disparu sans laisser de traces, neuf ans plus tôt, au lendemain de leur nuit de noce ? Et comment peut-elle croire que se présenter sous un faux nom suffirait à le tromper, lui ?
Alors que la colère le submerge avec la même force qu’autrefois, James se jure que Susanna ne quittera pas ces lieux sans lui avoir donné l’explication qu’il attend depuis neuf ans. Ni sans lui avoir avoué ce qu’elle fait aujourd’hui au bras de l’un des célibataires les plus en vue de Londres. Car même s’il refuse de se l’avouer, il ne peut supporter l’idée que Susanna soit à un autre homme que lui…
L'histoire
Voilà une belle histoire en tension, comme sait si bien les écrire Nicola Cornick quand elle est au mieux de sa forme. 
Comme d'habitude, elle manipule des personnages qui sortent légèrement du cadre, des héros entiers et qui ne se font pas de cadeaux.
Sir James Devlin est issu d'un tout petit milieu. Cousin de Lord Grant, le héros du tome 1, on l'avait connu fort libertin - n'est-ce pas lui, la fameuse scène des fraises, avec la future héroïne du tome 2? Bref, un homme à femmes, un aventurier sans foi ni loi, ex-pirate, qui, là, surprise, fait amende honorable depuis deux ans pour les beaux yeux, mais surtout pour le porte-monnaie, d'une miss Emma, fille de comte, blonde, potelée et capricieuse.
Car Dev s'est juré d'arriver au sommet et de ne plus jamais connaître la faim et la misère de sa jeunesse. Le voici donc qui navigue dans les eaux troubles de la haute société, décidé, ainsi que sa sœur, Francesca, à harponner le plus gros poisson possible. Ce qui lui donne un côté âpre, cynique et tranché, le même qu'on retrouve chez beaucoup de héros cornickien, et que j'apprécie particulièrement. Peu d'humour, comme d'habitude, car la relation qui va s'installer avec Lady Caroline Carew, Susannah de son vraie prénom, celle qu'il ne s'attendait absolument pas à revoir, va faire des remous, passant par la détestation, la colère, le mépris, la désillusion et l'envie de vengeance, pour se transformer peu à peu en envies d'autres choses, au gré de rencontres crépitantes de sensualité. La méfiance, les revirements et les hésitations, jalonnent le roman, au cœur d'une intrigue emprunte d'un rien d'aigreur, parsemée de "et si" et de "mais pourtant". 

Mon sentiment
J'ai carrément dévoré ce roman, l'un des meilleurs de la série pour l'instant, après avoir beaucoup apprécié les précédents. Celui-ci m'a donné envie de tout relire depuis le début, ce qui est plutôt bon signe. Fluide, dense et resserré autour de la psychologie de ses personnages, il nous remet en présence de certains personnages récurrents du cycle des Scandalous Women of the Ton, en introduit aussi de nouveaux, le tout donnant en plus fichtrement envie de se jeter sur la suite. Je me demande du coup si je vais attendre la sortie VF, surtout qu'il ne reste que 2 tomes ! 
Décidément Nicola Cornick est une auteur que j'apprécie toujours autant, car elle continue à se démarquer par ses intrigues légèrement décalées et ses personnages ni trop blancs ni trop parfaits, mais emplis de failles, et de doutes, péremptoires, un brin dissimulateurs et manipulateurs, pour lesquels on n'éprouve pas une sympathie éperdue, qu'ils soient hommes ou femmes. Leur parcours est jalonné d'erreurs, un choix assez rare en Régence pour être souligné. Parsemé de scènes sensuelles sexy, variées et très réussies, ce roman ne manque pas non plus de piment. Sans vibrer à l'unisson des personnages, je suis restée sous l'emprise de leur aventure jusqu'à la fin.
A noter qu'elle bénéficie encore une fois en VF de sa couverture VO (seule la couleur a changé) et que le parti pris esthétique de cette série me plaît aussi beaucoup.
 / 5


dimanche 11 mai 2014

Otherwise Occupied de Shay Savage

Tome 2 de la série "Evan Arden Trilogy"
Autoédition - Juin 2013
Résumé éditeur (Traduction everalice) : Evan Arden est l'homme de main d'un chef mafieux de Chicago. Il vit sa vie au jour le jour avec son chien, Odin, pour seule compagnie. Il a eu des ennuis, et il lui faut travailler dur pour retrouver  les bonnes grâces de son patron., mais ça n'est pas si facile. Alors que les démons de son passé le hantent, il cherche le réconfort auprès d'un choix improbable, mais lui faire confiance le mènera-t-il à sa perte?
Il se bat pour oublier son passé qu'il repousse en maintenant la pression.  Pas autrement.
Evan Arden, 26 ans, tueur pour un grand chef de la mafia locale.
Grand, blond aux yeux bleus.
Cheveux coupe militaire, toujours rasé de près.
Contrôle et maîtrise parfaits de lui-même. Du moins, de l'extérieur.
Concentré, centré, efficace et affûté.
Un homme dont la descente aux enfers a commencé dès l'enfance, et dont l'expérience traumatisante vécue au Moyen-Orient a précipité la chute. Du mauvais côté de la vie.
Le cycle entier de cette trilogie va mener Evan Arden du seuil de l'enfer au Paradis : évocations de son enfance vécue dans un convent catholique, terribles réminiscences traumatiques, choix et erreurs de parcours qui plombent le personnage. Une autre histoire de rédemption, après Surviving Raine, au prix de souffrances et d'une lutte acharnées, décortiquée par Shay Savage qui met en mots les affres d'un héros survivant, autant victime que bourreau. Elle le dissèque, elle le malmène et l'aiguillonne comme une entomologiste qui dirigerait sa loupe sur un dangereux insecte. Et nous, on est bouche bée...
Nous suivons le périple d'Evan, cet homme mort au monde qui l'entoure, dans cette non-vie périlleuse de pourvoyeur de mort. L'absence d'émotions, il l'a érigée en système de défense viscérale. Car ressentir fait mal et peut détruire, lorsqu'on est hanté par un sentiment dévorant de culpabilité et de défaite, grignoté dans le secret de son âme par une bête qui ronge peu à peu tous les fondements de son être. Pour ne pas sombrer, il s'est défait de tout ce qui pouvait encore le rattacher au monde sensible. 
Evan Arden fait partie de ces héros à la fois glaçants, effrayants et fascinants, et complètement désenchantés. C'est une âme en perdition. 
D'une froideur aiguë et coupante, lorsqu'il tue de sang-froid des êtres humains auxquels il ne donne pas plus d'importance qu'à des moucherons, des êtres à abattre qui, paradoxalement, lui fournissent une raison et une façon de vivre pour lui permettre d'échapper à ses démons : planifier et exécuter font partie de ces occupations qui le canalisent. Avec le sentiment ultime d'avoir mérité tout en déméritant.
I feel like the end of  an A-Team episode when everything worked out, and the heroes goes all got to go home and live Happily Ever After while the bad guys were put in jail. Except, of course, I was the bad guy.
Whatever.
Rien ne vaut l'action, le levier de vitesse en prise perpétuelle, pas de temps mort, pas de repos, mais plus de sommeil non plus.
Car depuis sa fulgurante et unique rencontre avec Lia dans le tome 1, le monde sensible, ressuscité par l'expérience cataclysmique qu'il a partagée avec elle, s'agite et frappe à la porte de sa conscience : les cauchemars resurgissent, les angoisses, les malaises, les regrets, les remontées de bile et de noirceur. Evan se délite. C'est une cocotte-minute sous pression permanente, il est prêt à exploser.
Comme un enfant à la recherche d'un père ou nostalgique de la douceur du flan maternel, Evan ne se détend que dans de rares occasions : lorsque le big boss, Rinaldo, l'appelle par son prénom et en lui donnant du "son", ou lorsque Bridgett, la prostituée qui lui rappelle vaguement Lia, le tient entre ses bras. Comme un enfant perdu, dira Lia : "Evan needed someone to help him - to save him".
Lia la sauveuse, dont la figure hante le héros autant que ses cauchemars, Lia qui provoque les remous, les remontées de bile et de sable, mais aussi des images irréelles d'instants de bien-être volés à la vie. Celle qui, bien involontairement, libère la bête. Le tome 1, c'était bien le début de la fin.
Shay Savage aurait pu éditer les trois tomes ensemble, tant tout dans cette trilogie se tient. Dans ce tome 2, l'épisode central donc, on n'assiste pas à une romance à proprement parlé, mais si on prend en compte le récit dans sa globalité, le tout est bien une romance. Très noire. Avec un héros fracassé, qui flirte avec la folie, un personnage effrayant, parfois touchant, parfois sauvage, qu'on apprivoise peu à peu comme on apprendrait à parler une langue étrangère.
La narration est bluffante, car tout le récit est raconté en vision subjective, du point de vue d'Evan, et nous suivons pas à pas son cheminement jusqu'à la scène ultime, complètement hallucinante de violence et d'aspiration ultime à la délivrance. Clôturée par une touche d'espoir qui se concrétisera, heureusement, dans le tome 3.
Encore une fois, c'est un livre magistralement écrit. On passe par exemple de la description interminable et presque clinique d'un crime à une petite phrase anodine, qui fait l'effet d'une bombe, sur l'amour que porte le héros aux transports en commun ! Un décrochage affectif et narratif complètement perturbant. Le récit, pourtant dur par moments, m'a tenue en haleine et je me suis, en dépit de mes réticences, sentie partie prenante du devenir d'un héros qu'il m'était très difficile de trouver sympathique. Mais captivant, oui.
Quelle alchimie diabolique !
Si vous aimez les expériences fortes, peu communes, et les héros torturés et non consensuels, jetez- vous sur cette série. J'ai peu d'expérience des contemporains, mais j'ai tout de même l'impression qu'elle sort des sentiers battus. et le tome 3 a l'air de poursuivre sur la même lancée dans un remarquable effet de crescendo...
, 25/5



samedi 10 mai 2014

Otherwise Alone de Shay Savage

Tome 1 de la série "Evan Arden Trilogy"
Autoédition - Décembre 2012
Résumé éditeur (Traduction everalice) : Le lieutenant Evan Arden vit dans une cabane au milieu de nulle part, en attendant qu'un ordre lui permette de rentrer chez lui, s'il le reçoit jamais. A part son berger des Pyrénées, rien ni personne ne peut rompre la monotonie de son séjour. L'ennui est atroce,  mais il est soudain interrompu lorsqu'une jeune femme trébuche à sa porte.
Il a deux possibilités : la buter de loin avec son fidèle fusil d'élite, ou prendre le risque de la laisser s'approcher et entrer dans sa vie.  Pourquoi pas? Cela fait si longtemps, et il est si seul par ailleurs...
L'histoire
Evan Arden est un tueur patenté, retiré de l'armée, qui vend ses services à un grand chef mafieux de Chicago. Suite à une mission qu'il a complètement plantée, le voilà remisé au fin fond d'un désert, entouré d'un dispositif de sécurité simple, mais efficace. Depuis des mois, il n'a qu'une occupation : la contemplation sans fin et sans fond du désert brûlant, tandis qu'Odin, son chien, lui tient compagnie. De toutes façons, Evan est un taiseux. A 26 ans, la solitude ne lui fait pas peur, il n'aime pas parler, il n'aime pas les autres, et il traîne derrière lui une jolie collection de meurtres commandités.
Le jour où Lia atterrit devant chez lui, les choses s'accélèrent, et voilà notre homme du désert qui se dégèle dans la fournaise d'une liaison très brève, mais très bouillante. Le lendemain, Lia s'en va. Et la vie d'Evan doit reprendre son cours...

Mon sentiment
Cette très courte mise en bouche pousse à se jeter sur Otherwise Occupied, la suite,  pour en savoir plus, car les personnages restent, à ce stade de l'histoire, encore très opaques, comme dans une sorte de prologue chapitré. Mais le lieutenant Evan Nathaniel Arden, ex soldat tireur d'élite et tueur professionnel, est déjà plus que prometteur... La relation avec Lia n'y va pas par quatre chemins, la faute au format, sans doute, car tout est très rapide.
J'ai aimé retrouver la narration à la première personne (du masculin) qui m'avait tant plu dans Surviving Raine. Le style d'écriture semble tout de même beaucoup plus fluide (pour l'instant) et très facile à lire, même pour une débutante VO qui aurait envie de se lancer.
Je ne m'attendais par contre absolument pas à une telle scène d'amour à ce point de l'histoire - Shay Savage s'y entend pour faire monter le température au beau milieu d'un désert !
, 5 / 5

mercredi 7 mai 2014

The MacGregor's Lady de Grace Burrowes


Tome 3 de la série "The MacGregor Trilogy"
Sourcebooks Casablanca - Février 2014
Résumé éditeur (Traduction everalice) : Et si faire tout leur possible pour éviter le mariage...
La dernière chose que désire Asher MacGregor, nouvellement reconnu comme le Comte de Balfour, c'est d'une femme de la haute société, bien qu'il ait accepté d'escorter l'héritière bostonienne, Hannah Cooper, dans les bals londoniens. Lorsqu'il en aura terminé avec cet engagement, il retournera dans les Highlands et reprendra en main les myriades de responsabilités qui l'attendent.

... les conduisait à un impossible amour?
Sur l'insistance de son beau-père, Hannah Cooper est obligée de passer par une Saison londonienne, bien qu'elle n'ait aucune intention de se laisser dépouiller de son héritage par un coureur de dots. Lorqu'elle aura fait son devoir, elle retournera à Boston auprès de sa famille pour la protéger... n'est-ce pas? Le taciturne comte écossais convient parfaitement à ses projets - jusqu'à ce qu'une véritable affection et qu'un sentiment de passion inattendu rapprochent Asher et Hannah. Mais si le comte écossais et l'héritière américaine tombent amoureux, un océan de différences risque de les séparer à jamais.
Lu en VO
Malgré mon enthousiasme, qui me conduit de plus en plus à écrire des tartines au fil du temps - je me demande pourquoi? - je vais essayer de faire court pour ce troisième tome, et tant pis pour les dix pages de notes de mon carnet de lecture !
Pour celles qui auraient eu la patience, la curiosité, ou l'appétit suffisamment développé pour ingérer mes deux précédents avis sur cette série sans faire d'indigestion, sachez qu'avec ce dernier opus, nous voyons apparaître ici un personnage largement évoqué, Asher MacGregor, le frère aîné disparu au Canada depuis sept longues années. 
Le voici donc réinvesti de son titre de Comte de Balfour et de sa fonction de chef de famille et de clan des MacGregor en vertu de son statut d'aîné (si vous vous en souvenez, c'était Ian qui faisait office de Comte de Balfour dans les deux premiers tomes).
A la suite d'obscures circonvolutions familiales, Asher est chargé de réceptionner une héritière bostonienne, Hannah Cooper, sommée par son beau-père de se dénicher un mari dans la bonne société anglaise. Contrairement à ce que l'on peut croire, Hannah n'est pas en mal d'époux, elle n'a pas fauté et elle n'est coupable de rien, si ce n'est de vouloir préserver sa famille - grand-mère, mère et demi-frères- des coups tordus, de la brutalité, voire des sévices infligés par un beau-père tyrannique à souhait dans cette société où les personnes sous la coupe du paterfamiliasn'ont d'autre statut légal que celle de meubles.
Hannah est une personne qui rêve d'indépendance et de sécurité, et qui freine des quatre fers à la simple évocation d'un mariage. Asher la qualifie de "red-haired American rebel-spinster-heiress" et la surnomme aussi affectueusement Boston au fil de l'histoire. Sans aucune possibilité légale, elle essaye de se débattre pour pouvoir mettre un jour les siens à l'abri, ce qui lui donne un côté désespéré, car effectivement, ses capacités d'action sont très limitées. Sa vie est... boiteuse, comme elle-même (elle est légèrement handicapée suite à une chute dans l'enfance), et elle n'aura de cesse de tenter de trouver le juste équilibre entre ses besoins, ses désirs, et ses responsabilités familiales...
Asher MacGregor se serait bien passé d'avoir à accompagner cette inconnue au sein de la Saison londonienne. C'est un homme profondément marqué par les épreuves traversées au fil des années qui doit reprendre sa vie en main, ses responsabilités, tout comme les liens familiaux qu'il se sent coupable d'avoir délaissés. Je n'en dirai pas plus pour ne pas ôter son mystère à ce personnage complexe, riche et puissant, disons qu'il a plus que souffert et que sa tristesse, voire sa désespérance, en font un personnage très authentique et très fort. Héritier d'une triple culture, anglaise, highlander et indienne, c'est aussi un médecin soucieux du bien-être de ses proches comme des démunis, qui ne se livre pas facilement, mais qui veut mettre toutes ses forces dans ses devoirs présents. Son rapport aux autres, à sa famille, à la nature, est d'ailleurs fortement marqué par cet héritage, avec la prépondérance des liens claniques. Hannah l'appelle "A knife-wielding Indian Scottish Earl Physician" et le compare à un lion en cage.
Tous deux vont vivre une magnifique histoire d'amour, mais les difficulté vont venir de leurs obligations respectives, car, comme il est dit dans le résumé, un Océan les séparera au terme du séjour de quelques mois prévus par Hannah.
Que dire, sinon, que ce dernier tome m'a laissée plus que convaincue?
L'atmosphère générale de l'histoire a légèrement changé, Grace Buroowes raconte ici une histoire plus douloureuse, emplie de doutes, et ne cesse de nous démontrer que rien n'est possible entre ses deux héros. A cinquante pages de la fin, on se demande encore quelle solution Hannah et Asher vont bien pouvoir trouver pour vivre ensemble. Ce qui imprime une tension croissante à l'ensemble.
Pour faire court, même si je sens que c'est mal parti, pourquoi je l'aime, Grace Burrowes?
1) Ses héros prennent le temps de se connaître. Ici encore, leur amour commence par une belle relation faite d'amitié et d'échanges. Pendant les premiers chapitres, même s'ils ne sont pas amoureux, ils construisent déjà quelque chose, bien au-delà d'une approche uniquement physique. Et comme toujours, ses héros se parlent beaucoup. On a vraiment l'impression de participer à une rencontre,et une fois que la relation est installée... Les scènes d'amour sont à tomber (Sur la falaise en Ecosse, par exemple)... Complicité, compréhension, humour, sensualité, tendresse, le tout se mêle harmonieusement et certaines pages sont tout simplement adorables. 
Un exemple de réplique d'Asher, après leur premier baiser (et les premiers baisers chez Grace Burrowes peuvent durer des pages et des pages, je crois qu'elle écrit les baisers comme personne !)... Un parfait équilibre d'humour, d'émotion et de sensualité : 
"Am I presentable?"
His Boston, ferocious kisser of presuming earls, sounded shy, while her expression was so resolute it made him want to...
"Ye look damnly composed, Boston. I suppose you've made a squirrel's nest of my hair?" This was intended to force her to look at him. She obligingly eyed him up and down and then went up her on toes.
"You look a fright. The squirrels in Canada must be the size of moose," she said, smoothing her hand over his hair and her thumb over his bedamned eyebrows, while treating Asher to a maddening hint of lavender.
"It's more a matter of the squirrels in London being the size of American heiresses."
Grace Burrowes ne va pas forcément à la facilité. Elle n'élude pas les difficultés, met les pieds dans le plat, en évoquant par exemple les réalités de la vie et de la société anglaise de l'époque. Elle évoque aussi les réalités et les gestes quotidiens, et ne se fait pas faute de parler des besoins humains ou d'être assez crue dans les scènes d'amour, mais sans aucune vulgarité et sans aucun effet de manche. Mais le tout est divinement entremêlé à un humour omniprésent et à beaucoup de douceur et d'intelligence, et même d'une certaine tristesse. Ses trucs? Les petites choses... Les ballerines, les bouchées de biscuits qu'on s'échange, les tasses de thé ou les verres de whiskey qu'on partage, les menus gestes, les caresses du visage, du nez, des sourcils, des cheveux, les odeurs. Ses personnages sont très tactiles, ils aiment toucher, sentir et embrasser.
Il y a une vrai magie dans sa façon de mettre une famille en scène. La place des enfants est très marquée, très juste et très forte. Il faut voir les frères MaCgregor autour de "wee" John, le bébé de Ian ! Les MacGregor sont fascinants et riches. Les rapports entre frères, mais aussi avec les époux et épouses respectifs sont riches et bien travaillés, plein de complicité, d'humour et d'esprit.
Et quel charme véhiculent ces Highlanders victoriens ! Ces descendants de vikings surdeveloppés... La scène d'Asher qui fait du patin à glace en kilt m'a fait battre le cœur un peu plus vite, on peut comprendre pourquoi... Des hommes spirituels, protecteurs, amoureux, sexy et masculins, on aimerait bien les cueillir sur le coin de notre pallier, un de ces quatre matins. Rêve et magie assurés !
Et comme toujours, ses personnages secondaires, loin de faire-valoirs, ont de vraies personnalités et de vraies histoires. Ian est toujours aussi fascinant. J'ai regretté par contre de ne pas profiter davantage de la présence de Spathfoy, le héros du tome 2. L'amour et la tendresse, la vivacité des réparties, l'humour et la solidarité parcourent toutes les pages qui les mettent en scène. Ils se retrouvent tous, à de nombreuses reprises, avec en prime une apparition des Windham, héros d'une série précédente. 
L'écriture de Grace Burrowes est magnifique, elle utilise les jeux de mots, les majuscules, l'ironie, les descriptions, les dialogues, avec énormément de grâce et beaucoup de naturel. Encore une fois, elle m'a fait rire, et elle m'a fait encore une fois pleurer. Par contre, je ne suis pas sûre qu'une traduction mettrait la richesse de son écriture en valeur. Le vocabulaire, très varié, les phrases et les tournures syntaxiques plutôt complexes la rendent cependant assez peu accessibles aux lectrices VO débutantes.
Pour conclure, il faut un vrai talent, je pense, pour mener une série à un point d'orgue aussi achevé sans effet de redondance ou de bâclage. C'est mission accomplie pour un sans-faute incontestable. Le seul petit point d'achoppement, c'est la solution qui dénoue la situation, un peu trop belle pour être vraie. Mais je pardonne à l'auteur tout, même cette infime maladresse, pour m'avoir donné autant de bonheur !
    , 25 / 5

NB. Pour un avis court, j'aurais été capable de faire encore pire !

dimanche 4 mai 2014

Un Anglais en Ecosse de Grace Burrowes


Tome 2 de la série "Les MacGregor"
J'Ai Lu -  Novembre 2023
Titre VO : Once Upon A Tartan
Résumé éditeur (Traduction everalice) : Tiberius Flynn est peut-être un Lord anglais dans tous les sens du terme, mais Hester Daniel, maline et têtue, n'a que faire de ses manières cavalières - peu importe qu'il soit si séduisant, plein de charme ou si captivant. Tous deux sont seulement d'accord sur l'attention qu'ils portent à la fougueuse petite fille dont ils ont la garde.L'insistance hautaine avec laquelle Tiberius affirme que son prospère domaine en Angleterre conviendrait mieux à l'enfant que sa demeure écossaise adorée éveille en Hester un instinct de protection féroce et chacun campe sur ses positions.
Lu en VO
Lorsque Tiberius Lamartine Flynn, comte de Spathfoy, rencontre Fiona, et qu'elle tombe d'un arbre pratiquement sous les sabots de son cheval, son accent écossais prononcé laisse entendre à l'oreille hautement éduqué du comte anglais "fey " (fée) au lieu de "Fee" (son surnom). Sans doute est-ce là l'origine du titre VO de ce livre? Fiona Flynn, la petite diablotine sans laquelle rien ne serait arrivée...
Fiona, fillette de 8-9 ans au caractère affûté et à la langue dégourdie, est la fille de Mary Frances MacGregor Flynn, la sœur du héros du tome 1 (et accessoirement l'héroïne de la nouvelle intermédiaire). Après un an de mariage, Mary Fran et Matthew Daniel, son nouvel époux, sont partis pour un long voyage de noces sur le continent. Hester Daniel, la jeune tante entraperçue dans le tome 1, en compagnie de la grand-tante Ariadne MacGregor, a la garde de la petite.
Si Lord Spathfoy débarque inopinément dans la demeure écossaise familiale des Daniel, c'est, argue-t-il, pour faire connaissance avec une nièce dont, jusqu'à présent, aucun membre de sa famille n'avait pris la peine de s'informer. Fiona est en effet le fruit d'un mariage, non désiré, à l'écossaise, entre Mary Fran et un vaurien d'aristocrate anglais, le propre jeune frère de Tiberius Flynn, qui a fini ses jours au Canada sans avoir même jamais connu sa fille. Tiberius (Tye) n'a en réalité que faire de cette enfant : s'il vient en Aberdeenshire, commandité par son père, le redoutable marquis de Quinsworth, c'est pour rapatrier la petite en Angleterre, et la préserver ainsi, pense-t-il, de graves négligences. Or Fiona, heureusement entourée de la tribu MacGregor, dont Ian et Augusta, le comte et la comtesse de Balfour, est de loin la plus joyeuse, espiègle et mal élevée enfant qu'il ait jamais rencontrée (si tant est qu'il en ait jamais rencontré).
La première rencontre entre l'homme et l'enfant est un régal : Fee le voit comme une puissance divine, et elle l'appelle "Wrath of God" en son for intérieur (Colère de Dieu). Car Spathfoy est un incroyable personnage. Sévère, très digne, tout en maîtrise, il manie l'anglais d'une voix irrésistible, sur un ton sec, précieux et implacable... les bonnes manières, la correction, la dignité de sa mise et son art consommé de la litote en font un être extraordinairement séduisant. Qui manie à la perfection un humour teinté d'ironie mordante... 
Or Fiona heurte perpétuellement le sens des convenances de son oncle. Les scènes entre eux sont jubilatoires, vibrantes d'esprit, d'humour et de répliques percutantes. Un exemple?
"Shouldn't you be at your lessons?"
"I did my reading lesson. Tell me some big words in French. You have to spell them."
"Here." He passed her a pencil. "Spell this : p-e-s-t-i-l-e-n-t-i-e-l."
"What does it mean?"
"It's french for niece."
Hester Daniel, d'abord décontenancée par cet aristocrate glacial, et si correct, perce bien vite la carapace et, si elle ne le trouve ni très sympathique ni digne de confiance, elle se sent attirée par cet incroyable spécimen de  l'aristocratie anglaise. Hester est une jeune femme qui, sur les injonctions de sa mère, s'est exilée au fin fond de l'Ecosse à la suite d'une malencontreuse aventure sentimentale. Depuis, elle a perdu un peu le goût du futur et se destine au célibat tant elle se méfie de son propre jugement. Mais peu à peu, lors d'un séjour qui ne devait durer initialement que quelques jours et qui se prolonge finalement sur plusieurs semaines, Hester et Tye apprennent à se connaître et lorsque l'un tombe irrésistiblement amoureux, l'autre doit encore être convaincue d e lui accorder sa confiance et son amour.
Brillant ! Chaque page de ce livre est délectable. C'est simple, à sa lecture, je pensais à la fois à Loretta Chase et à Liz Carlyle, mâtinées de ces petits quelques choses de très spécifiques que j'ai retrouvés dans les trois livres de Grace Burrowes que j'ai lus jusqu'à présent.
Ses personnages sont vivants, vivaces même, et extrêmement séduisants. L'évolution des sentiments entre eux se fait d'une manière naturelle, chacun semblant peu à peu compléter l'autre, tout en tendresse, en compréhension et en espoirs partagés. Tye a besoin d'Hester pour se libérer de son sens du devoir et de l'honneur exacerbé qui le conduit à faire des erreurs parfois. Pour être lu tel qu'en lui-même, tout simplement. Car Tye est un homme ambivalent, un homme de contrastes, à la fois policé et tentateur, beau parleur et pudique, contrôlé et enjôleur. C'est un homme complexe, méfiant, charmeur et... triste. Sa voix, écrite seulement, bien sûr, est une pure merveille.
Hester, elle, a besoin de Tye pour se "remettre en selle" (dans tous les sens du terme), et se réapproprier une estime de soi bien écornée par une histoire calamiteuse, bien que banale. Hester est une héroïne qui prend son temps et qui doute. Elle pense "amitié" quand il espère "amour", et leurs sentiments se confortent au fil du livre en même temps que leurs scènes d'amour déclinent tout un panel de pratiques amoureuses libératrices. 
J'ai adoré l'utilisation des différentes langues qui court dans tout le roman : on retrouve l'usage du gaëlic, mais aussi du latin, avec ces jeux érotiques entre Tye et Hester où la parole se libère. L'élocution particulière de Tye, son phrasé et son emploi incroyablement élégant et sexy de l'anglais sont régulièrement mis à mal par les interventions de Fee qui ne comprend pas la plupart des mots qu'il utilise et qui les distord avec une fraîche naïveté. De même, l'utilisation permanente des majuscules pour qualifier des comportements est vraiment très drôles, ou l'usage des noms (les titres, les prénoms, les surnoms) donne beaucoup d'indices sur l'état psychologique des personnages. Ou l'utilisation des jurons par Tye lorsqu'il est stressé, et qui m'a régulièrement mis le sourire aux lèvres. Grace Burrowes se régale à opposer la retenue policée des anglais à l'exubérance presque latine des écossais, en confrontant les deux héros Ian et Tye dans des scènes qui exsudent de charme ! 
Ainsi, lorsque Tye explique à Ian MacGregor que Fiona doit l'accompagner en Angleterre :
"To see the girl leave Balfour House about tore the heart from my chest."
Scottish hyperbole, no doubt.
"She's a delightful child."
Which was English hyperbole.
Cette auteur adopte ainsi plusieurs registres avec une grande virtuosité , maniant à la fois un humour frais, mais aussi grinçant et pince-sans-rire, teinté d'une certaine nostalgie, et des passages plus intérieurs ou carrément touchants. Son écriture, qui fait la part belle à toutes sortes de sensations, est précise et très sensuelle. Et ses scènes d'amour, très dialoguées, très variées aussi, sont vraiment sexy, sans jamais tomber dans la vulgarité.
Les personnages secondaires, une fois encore, ont droit à une vraie place et ne font pas que de la figuration : Ian et Augusta, les héros du tome 1, occupent la scène durant toute l'histoire, et c'est un pur bonheur de les retrouver aussi amoureux, préoccupés de leur "Bairnship" (leur bébé-roi). Ian est un amour de personnage, aussi craquant et sexy que dans le tome 1. Et l'amitié qui se profile entre Ian et Tye laisse augurer de belles scènes entre les deux hommes dans le prochain tome. Surprenante, aussi, la façon de traiter l'histoire des parents de Tye, une histoire secondaire qui trouve ici son aboutissement. Comme dans le tome 1 où l'on avait trois histoires d'amour en même temps, dont la principale, évidemment ! Et Fiona, la fillette-lutin de l'histoire, est incroyablement bien rendue, vive, un rien têtue, avec ses réparties savoureuses. 
J'ai éclaté de rire à plusieurs reprises, je me suis régalée de ce beau phrasé et j'ai même versé quelques larmes !
Voilà certainement une auteur qui mérite d'être connue...
Donc cet avis un rien longuet, on peut le résumer en quelques mots : je savoure !
    , 25 / 5

jeudi 1 mai 2014

Ian et Augusta de Grace Burrowes



Tome 1 de la série "Les MacGregor"
J'Ai Lu - Juillet 2023
Titre VO : The Bridegroom Wore Plaid
Résumé éditeur (Traduction everalice) : Ian MacGregor a des vues sur une femme qui ne peut absolument pas lui convenir, dans tous les sens du terme. Pourtant, en sa qualité de dernier comte de Balfour, il se doit d'épouser une héritière anglaise, ce qui lui permettra de redresser la fortune familiale.
Mais Ian reconnaît, en la personne du chaperon désargenté, Augusta, qui accompagne sa promise, tout ce dont il a toujours rêvé.
Lu en VO
En préambule, une petite mise au point : qu'on ne s'y trompe pas et qu'on ne se laisse abuser ni par la couverture VO, somme toute assez médiocre, ni par le titre, un rien racoleur. Cette histoire, si elle se peut se résumer effectivement en très peu de lignes, extrait d'une situation banale et mille fois vue en romance une matière assez travaillée pour donner un air de renouveau à l'ensemble.
Ce qui a été une très agréable surprise !
Dans les années 1850, le Comte de Balfour, Ian MacGregor, depuis que son frère aîné, Asher, a disparu au Canada, mais surtout laird de son clan, se doit de payer lourdement le tribut du à sa charge.
L'Ecosse se relève à peine d'une grave crise agricole qui a laissé la plupart des familles écossaises très démunies. Nombre d'Ecossais ont été poussés à l'exil, au Canada ou en Amérique. Bon an mal an, la famille du laird MacGregor survit de quelques cultures capricieuses, et bénéficie, grâce à la royale présence de leurs voisins, la reine Victoria et le prince consort Albert, qui, fort heureusement, ont mis leur région à la mode, de la venue dans leur domaine de quelques hôtes payants, issus de la haute aristocratie. Mais cela s'avère insuffisant. Et c'est avec un sentiment proche du désespoir, mais déterminé, que Ian se résout à rechercher la main d'une riche héritière anglaise que le père est avide de marier à un titre, tout écossais soit-il.
La famille Daniels débarque ainsi dans la demeure familiale, Miss Eugenia Daniels, l'aînée, la future promise, celle qu'il faut courtiser ; sa jeune sœur, Hester, et leur frère aîné, Matthew, ainsi que leur père. Sans oublier deux chaperons, Julia et Augusta. La famille MacGregor se prépare à les accueillir, soudée autour de l'objectif commun : les trois frères, Ian, Gilgallon et Connor, leur soeur Mary Fran et leur nièce, Fiona, se serrent les coudes et sont prêts à accueillir pour plusieurs semaines cette famille anglaise, en mettant les petits plats dans les grands pour donner à Ian toute latitude de se faire apprécier et connaître. Faut-il le préciser? La fratrie MacGregor a un charme fou...
Tout ce monde se met donc en place pour danser sur un air de sarabande connu d'avance. Presque une routine, croirait-on.
Mais, insidieusement, l'histoire laisse entrevoir des failles dans la mécanique. Un profond sentiment de solitude et de désillusion balaye les premiers chapitres, une sorte de fatalité qui plombe l'atmosphère comme les consciences des héros. On assiste là à une sorte de comédie des sentiments désenchantée, quelque chose qui est à la fois nostalgique et très vif.
Ian, comme Augusta, comme Eugenia, comme Julia, ou comme Mary Fran et Matthew dont on connaîtra mieux l'histoire dans la nouvelle qui suit, sont des êtres vouées à la solitude et malheureux, qui tous méritent de trouver le bonheur. Genie qui ne veut pas de Ian, et tombe amoureuse d'un autre ; Mary Fran qui méprise profondément les anglais après été amoureuse d'une canaille anglaise, le père de sa fille Fiona ; Matthew, anglais jusqu'au bout des ongles, qui se remet difficilement d'une expérience amère liée à son passage dans l'armée ; Julia, jeune veuve éprouvée par la solitude et qui meurt d'aimer et d'être aimée ; Augusta qui vit dans une ferme reculée du Kent en compagnie d'une vieille tante, après avoir passée son enfance dans le faste d'une famille fortunée.
La rencontre de Ian et d'Augusta a quelque chose de magique et de diffus : l'amour ne leur tombe pas dessus, mais se construit, discret, presque inaudible au début, à petits pas, dans l'amitié naissante, la considération, la complicité et les confidences, avec une envie, presque un souffle, de sensualité refrénée par le sens du devoir et de l'honneur... Chacun se sent, inévitablement, attiré par l'autre.
Et peu à peu tout au long du roman, l'amour devient comme une évidence et prend une place de plus en plus importante, avec une voix qui porte et des exigences multipliées.
Ian est un homme adorable, honnête, simple et franc, entièrement préoccupé par son honneur de laird, et surtout de bonne foi. Il ne peut s'empêcher de s'étonner des sentiments qu'éveille Augusta en lui. Augusta, cousine délaissée de la famille Daniels, est elle tout de suite sensible à la présence du bel écossais, à sa voix, à son odeur, à son accent et à son usage du gaëlique. Esseulée, aussi, sensible et pragmatique, elle répondra, inopportunément, en parfait contrepoint, à toutes les attentes de Balfour.
Autour d'eux, les couples et les histoires d'amour vont se faire, fragiles, indécis, et tout aussi périlleux. Au fil des semaines, ces anglais et ces écossais vont devoir cohabiter,  la tradition écossaise encore très marquée : port des kilts, sens de la famille élargie, solidarité, honneur et franc-parler (le côté barbare qui ressort dit l'un des frères), se heurtant régulièrement au froid mépris d'Altsax Daniels, le père de famille anglais, dont les motifs secrets sont très peu avouables.
Ian, dont l'esprit de famille lui commande de prendre Genie pour épouse, et Augusta, dépourvue de fortune, ne peuvent pourtant pas se résoudre à passer à côté de quelques instants de bonheur.  

Ce roman est une vraie découverte et il est excellent.
Le ton est moderne, vif et doux à la fois. Tous les personnages sont extrêmement vivants et attachants, reliés entre eux, dans ce huis-clos écossais, par des relations pleines d'humour et d'intelligence, qui donnent lieu, parfois, à des dialogues ou à des réactions assez surprenantes et charmantes.
Grace Burrowes parle d'une histoire très simple, mais sait la rendre fascinante, ne serait-ce qu'en maniant avec talent le ressort highlander de ces années modernes, le rendant en même temps infiniment sexy et nostalgique, d'une manière irrésistible ( l'usage du gaëlique laisse rêveuse). Rien, dans cette histoire n'est si convenu qu'on aurait pu le craindre et les pages se tournent pour ainsi dire toutes seules. J'ai quitté Ian et Augusta avec regret et j'aurais aimé les accompagner encore un petit bout de chemin tant je les ai trouvés séduisants, tendres et amoureux.
Subtilité, élégance et belle écriture donnent à l'ensemble un goût imparable de "Revenez-y". Ce qui est formidable, puisque l'auteur, très prolifique, a réussi à faire éditer en un rien de temps une bonne vingtaine de romans. 

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