L'histoire
Si j'avais eu le talent et l'envie de raconter des histoires, j'aurais choisi de m'appeler Meredith Duran, je crois, elle a pile le genre d'écriture qui me fait chavirer, m'émeut, m'étonne et me transporte. Une patte ciselée, un rien abrupte, sans fioriture, qui dévoile peu à peu la vérité de ses personnages, à l'image de ces mots, aussi vrais, résolus et sans fards, tout en pudeur et en finesse.
Gwenn est le type d'héroïne que j'adore : elle ne se fait guère d'illusions sur elle-même, encore moins lorsqu'un second butor la plante ignominieusement au pied de l'autel. Riche à millions, sans doute quelconque physiquement, elle a pour elle sa gentillesse et son désir éperdu de reconnaissance affective... jusqu'à ce jour fatidique où la coupe est pleine, et où la demoiselle décide, dans un formidable élan libératoire, d'envoyer valser convenances et projets matrimoniaux, et de vivre "à la marge", de se frotter au vrai et de donner libre cours à ses envies et à sa personnalité profonde.
Alex, l'ami de toujours, l'homme providentiel, mais pas toujours dans le bon sens du terme, se trouve là, sur sa route... Celui, qui depuis toujours, pressent la femme en devenir que recouvre le vernis affable des convenances.
Alex sera le révélateur de la jeune pousse, comme elle deviendra celle qui fera tomber son masque de faux cynique et de vrai romantique. La Belle-Epoque parisienne accueillera nos deux évadés, nos deux amoureux francs et vertueux, cyniques un peu, mais pas tant que ça finalement, honnêtes, dégourdis, et déterminés. Et profondément touchants, tout pétris d'humanité, et tant leur histoire communique, par moments, ce type d'émotion un peu douce-amère qui fait qu'on ne sait pas si on doit rire ou bien pleurer.
Lorsque l'une étouffe dans ses corsets victoriens et s'affole d'avoir, toute sa vie, été abandonnée et confrontée à la douleur de perdre des êtres chers, l'autre se débat pour reprendre son souffle dans une course éperdu contre des liens qu'il juge aliénants, mais qui font tellement partie de lui, tant son sens de l'honneur le porte, l'affection qu'il porte à sa famille, ou la promesse faite à un ami mort.
Une casanière et un globe-trotter mus tous deux par les mêmes peurs et les mêmes désirs. Qui secouent à leur manière les chaînes des conventions sociales ou familiales. Qui sont traversés par les mêmes interrogations : que vaut la liberté face à l'amour? Lâcheté et solitude sont-ils le fruit de ce désir d'échapper? La personne que l'on aime, est-elle une entrave, une béquille imposée, ou le filtre magique au travers duquel le monde devient supportable?
Mon sentiment
Voilà une histoire étonnante et qui sort des sentiers battus, où les héros ne se tombent pas dans les bras au premier regard, mais apprennent à construire une vraie relation et un nouveau regard sur l'autre, où les décors criards du Paris du moulin-Rouge côtoient les tapis verts de Monte-Carlo, où les personnages secondaires tiennent une vraie place tout en conservant beaucoup de leur mystère.
Et où un homme et une femme, tellement attachants, émouvants et dignes, semblent si bien faits l'un pour l'autre qu'on voudrait poursuivre encore un peu l'aventure à leur côté. Quel regret d'avoir du fermer la dernière page !
Une vraie découverte, du grand art, un éblouissement...
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