Un roman qui se lit vite et bien, voilà mon premier ressenti sur cette lecture. En y repensant, il m'a toutefois manqué le côté poétique, presque sensuel, du premier roman de l'auteur que j'avais vraiment apprécié (Alice au Bois dormant). Celui-ci est de facture plus classique, et s'il est tout de même très bien écrit, son esthétique m'a moins touchée.
On retrouve en tout cas le penchant de l'auteur pour les accidentés de la vie, ainsi que quelques thèmes récurrents comme la forêt, les voisins, la rencontre, l'apprivoisement et la peur.
Lorraine doit vaincre sa phobie pour accepter Eric, tandis que lui doit se défaire de l'emprise d'une femme-mante religieuse... On devine très vite la nature du traumatisme subi par Lorraine. Je n'ai pu m'empêcher de m'interroger : à l'heure actuelle, j'ai trouvé étrange qu'une jeune femme ne se fasse pas suivre par un psychologue, au minimum, et après un rien de réflexion (surtout après 12 ans), ne porte pas plainte (ou en tout cas ne demande pas conseil). C'est un parti pris de l'auteur qui m'a dérangée, même s'il est certain que la réaction à l'agression peut sûrement se manifester par l'absence de réaction. La réflexion de la sœur de Lorraine, lors d'une de leur conversation, quand elle lui dit qu'elle avait deviné ce qui lui était arrivé, mais qu'elle ne voulait pas interférer (alors qu'elle est avocate !!) m'a carrément interloquée, et je l'ai trouvée très peu crédible.
Le héros, Eric, est un bel architecte, séduisant, viril, et imposant, qui, bizarrement, présente aussi de nombreux aspects qui peuvent déconcerter les lectrices de romance : tout en étant doux, très tendre, extraordinairement patient et observateur, et aussi protecteur vis-à-vis de Lorraine, il manque d'assurance, a peine à s'imposer parfois, doute, et surtout fait de véritables erreurs que Lorraine pardonne un peu vite, à mon avis. Pour moi, les deux passages où Eric se laisse aller à une relation sexuelle effrénée avec son ex sont clairement de trop, la seconde m'ayant carrément refroidie à son endroit.
J'ai fini ma lecture sur un goût d'inachevé, bien que l'auteur ait largement pris le temps d'installer, puis de rembourrer la relation qui s'instaure entre eux tout au long du roman, et étrangement, ce qui m'a tenue en haleine, c'est plus cette histoire-là que mon intérêt proprement dit pour les deux héros... Car c'est bien le rééquilibrage de deux vies qui s'opèrent devant nos yeux, l'installation d'un nouveau couple, les avancées, les retraits, les interrogations, les non-dits... Si certains personnages secondaires traversent les pages, c'est un peu fulgurant et porte peu à conséquence. On retient surtout Maxime, le fils de 12 ans, un peu trop mature, c'est sûr, et Sandra, la belle garce que j'ai trouvée trop caricaturale.
J'aurais aimé que les scènes de sexe entre Lorraine et Eric soient un peu plus suggéré, moins emphatiques, non par pruderie, mais parce que je n'avais pas forcément envie d'entrer dans les détails de leurs épisodes passionnels... Et quid de l'accident? Eric se remettra-t-il complètement? On ne sait pas qui a commis cet acte, on ne sait pas non plus ce que deviendra Eric au niveau professionnel... Dommage pour cette fin en queue de poisson, donc...
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