Une citation

"He already missed the innate gentleness that she tried to hide. Though she had been jaded in the past few years, it was still there lurking in her eyes, in her smile, and in the tender she touched him with awe, as if she had never considered that what they found together might exist." The Duchess Takes a Husband - Harper St. George

lundi 25 décembre 2023

Celia (Bless Thine Inheritance) de Sophia Holloway

 

Janvier 2018 sous le titre Bless Thine Inheritance
Allison & Busby - Réédité en Septembre 2023
Résumé.
La première Saison londonienne de Celia Mardham aurait dù être un formidable succès, mais un accident, qui l'a presque tuée, l'a rendue boiteuse, ce qui signifie qu'elle ne peut même plus faire de révérences, sans parler de danser.
Désespérée de la savoir condamnée au célibat, et pour éviter que sa cousine hérite de la fortune laissée par son grand-père, sa mère, lady Mardham, organise, dans un dernier effort, une partie de campagne dans le domaine familial. Elle dresse une liste qui rassemblera des jeunes filles qui ne pourront pas faire figures de rivales, ainsi que de potentiels prétendants. 
Parmi ces gentlemen se trouve lord Avendale, envoyé par son dépravé de père afin que son fils restaure la fortune familiale en courtisant une riche héritière, une beauté, certes, mais entachée par les origines commerçantes de sa famille. Dès leur première rencontre, il ne voit que Celia et non son handicap, mais bien que son coeur soit attiré, il est soumis au devoir dévolu à son nom. De nombreux incidents, malentendus et autres interventions malveillantes, jalonnent le déroulement de leur histoire et pourraient bien les séparer pour de bon.
Lu en VO
Deuxième lecture de cette auteure, et encore une fois, je ressors enchantée ! Sophia Holloway, inédite en français, est une de mes plus jolies découvertes de cette année. La lecture de son dernier roman, The Chaperone, m’a convaincue de poursuivre mon incursion dans son univers, et grand bien m’en a pris, car cette seconde expérience, avec Celia, m’a encore une fois transportée.
Sophia Holloway écrit ce que l’on nomme outre-atlantique des romances régence classiques, c’est-à-dire des romances élégantes, spirituelles, attentives aux détails, ancrées dans leur époque, tant au niveau des usages que des façons de s’exprimer, et sans scène de sexe. Autant dire que cette auteure avait tout pour me plaire, et surtout cet usage si spirituel de la langue anglaise, et cette expression des sentiments à la fois euphémisé et, étrangement, si romantique et sexy.
L’histoire de Celia et lord Levedale, commence avec une première scène déjà très drôle, lorsque la mère de Celia, lady Mardham, décide de préparer une partie de campagne afin que sa fille, handicapée à la suite d’un accident de cheval, ait toute ses chances d’être courtisée par un potentiel époux. Ceci sur fond de rivalité familiale autour d’un héritage.
En un tournemain, au gré d’un dialogue empli de sous-entendus et de mots vachards, couverts par l’onctuosité des bonnes manières de la bonne société anglaise, ce prologue, entre lady Marham et sa belle-sœur, nous fait entrer dans ce qui sera une étourdissante histoire d’amour, toute vibrante de scènes vivantes et colorées, en un page-turner imparable. Cette romance adorable est en plus vibrante d’humour, ce qui a rajouté à mon bonheur, tant les mots d’esprit et l’écriture font feu de tout bois, avec cette spiritualité mordante si propre à l’humour anglais. Je n’ai pas cessé de rire, ce qui est assez rare à la lecture de romances historiques.
Le couple de héros a participé pleinement à mon plaisir à la lecture de ces pages. Celia, si prometteuse, a vu s’éloigner tout espoir d’une vie « normale », et si elle a accepté son sort, elle n’en ressent pas moins, par moments, un profond sentiment d’injustice et de colère intérieure, qu’elle maîtrise grâce à son intelligence et à son grand sens des convenances. Elle est aussi dotée d’un sens de l’humour assez acéré et elle a l’œil pour détecter les imbéciles et autres indélicats. Mais toutes ces forces vives ne l’empêchent pas de regretter ce qu’elle ne pourra jamais avoir, même si elle a bien conscience que les efforts de sa mère seront vains et la mettront plutôt trop souvent en position difficile.
La galerie de personnages qui l’entoure est incroyablement vivante et décrite, en quelques lignes parfois, à grands traits vigoureux et emplis d’ironie, mais aussi d’affection et de tendresse, voire d’admiration. Certains en prennent pour leur grade, tandis que d’autres se révéleront bien éloignés des stéréotypes auxquels on aurait pu s’attendre.
Sophia Holloway nous propose pratiquement un catalogue des silhouettes traditionnelles que l’on peut croiser en régence, mais ces silhouettes, elle va bien vite les remplumer grâce à sa plume à la fois légère, élégante et mordante, pour en faire des figures si bien plantées qu’on a l’impression d’être parmi eux, éblouis, au beau milieu de ce tourbillon.
On a d’abord Richard, le frère de Celia, et c’est un adorable rapport qui les unit tous les deux, complices, attendrissants et si affectueux. Aux côtés de Richard, ses deux amis, lord Pocklington, aux propos souvents décousus, et lord Deben, le gentil vicomte un peu benêt, dont les faux pas et les interventions prêtent si souvent à rire, et dont le caractère s’affirmera au fil du roman pour vaincre le coeur de sa belle dans une mignonne seconde romance.
Du côté masculin, il ne faut pas oublier la figure de l’infâme gredin séducteur, tout empli de sa propre ténébreuse beauté, Mr Wombwell, le « beau » de la place londonienne, évidemment méprisant envers ce petit monde provincial, mais à la recherche d'une bourse féminine bien remplie ( son entrée en scène le jour de son arrivée, décrite en quelques lignes, vaut vraiment le détour).
Ah, bien sûr, les femmes ne sont pas sacrifiées dans ce ballet : Marianne Burton, l’héritière richissime, à la beauté presque irréelle, mais dont l’argent sent le négoce, est une des plus jolies surprises de cette histoire. Non, elle ne sera pas que cela, non, elle ne sera pas une bécasse idiote, ni une insupportable jeune fille gâtée, etc. En fait, l’auteure lui réserve un traitement tout à fait original et bienvenu, ce qui en fait un personnage incontournable de cette histoire. On a aussi une « parente pauvre », une cousine désargentée de Celia, insipide, effarouchée, et destinée à une vie d’effacement social. Là encore, le personnage gagne en profondeur au fil des pages, et devient l’un des moteurs de cette histoire. Et, bien sûr, au sein de ces personnages féminins, on aussi les dragons : miss Drawen, effrayante, que tous les jeunes gens essayent de fuir tant elle fait preuve d’un manque écrasant de manières, ce qui ne manque pas de donner lieu à des pages à la fois drôles et hallucinantes. Autre dragon : l’inénarrable grand-mère de Celia. A elle seule, elle mériterait un roman, tant elle mène tout ce petit monde à la baguette, avec son art de sabrer de ses propos coupants et sans aucune retenue toute contestation. C’est aussi très drôle de voir ce petit monde faire profil bas devant elle.
Je garde le meilleur pour la fin : lord Levedale est un trésor, un homme fin, intelligent et aux manières impeccables, qui tombe en arrêt devant Celia lors de leur première rencontre et n’aura de cesse, dès lors, que de tout faire pour démêler ses sentiments et faire la part belle en même temps à son grand sens des responsabilités. Pour mieux la conquérir. Son humour et ses échanges avec Celia sont jubilatoires, marqués de complicité, de tendresse et de respect, et c’est juste une joie de les accompagner sur le chemin de leur happy end si mérité.
Pour celles qui aiment les belles romances régences romantiques, et spirituelles, à la croisée de Jane Austen et de Georgette Heyer, une histoire qui nous fait appréhender les individus au-delà de leurs apparences, Celia sera une magnique expérience de lecture. Et l’occasion de découvrir une auteure à suivre ! Pour ma part, j’ai déjà augmenté ma PAL d’autres titres...
     / 5

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