Plus vibrante sera la chute. Car lorsque un homme et une femme aussi hermétiques à l'amour tombent à genoux, complètement vaincus, la scène d'aveux finale devient vertigineuse, à l'image du chemin parcouru.
Voilà, pour ce troisième et dernier tome de la série, l'histoire de deux orgueils, de deux vanités et de deux volontés de fer qui s'affrontent et se frottent, dans un passionnant corps à corps, à la fois glacé et enflammé.
D'étreintes fulgurantes en reculades dédaigneuses, Trevor Magee et Darcy Gallagher n'en finissent plus, jusqu'au chapitre final, de se heurter aux sentiments complexes dont ils sont les victimes.
L'ensorcelante Darcy, la ravissante sorcière-sirène de la fratrie Gallagher, Calypso dédaigneuse et ambitieuse, celle qui charme de ses sourires aguicheurs et de ses chants antiques, a enfin trouvé à qui parler en la personne d'un maître de la maîtrise absolue : Trevor Magee, le yankee de New York à la recherche de ses racines, et d'une opération commerciale juteuse. Il n'en fallait pas moins pour la faire succomber, mais sans pour autant l'amoindrir, car Darcy, jusqu'à la fin, reste cette créature qui crache le feu et rue dans les brancards.
Dès le début, ces deux rocs se découvrent, se choquent, font des étincelles, puis succombent, dans des envolées passionnées, à des flambées volcaniques.
Trevor est un homme impénétrable et réservé, parfois brutal et péremptoire, parfois cruel et impatient, un mâle alpha dans toute sa splendeur qui ne veut céder en rien de sa toute-puissance. Darcy, la vive et étincelante soeur Gallagher, fidèle à elle-même, semble calculatrice et froidement ambitieuse, sensuelle et sexy en diable.
Entre eux, l'alchimie est explosive. Se joue alors un jeu du chat et de la souris intense, un ballet de séduction subtile et accrocheur. Mais qu'en est-il de la tendresse et de la confiance, et qu'en est-il de l'amour, ce sentiment inconnu à chacun, mais qui rend si vulnérable?
Leurs relations sont très complexes et beaucoup moins évidentes que celles des couples des tomes précédents : chacun reste longtemps énigmatique. On éprouve pour eux peu de sympathie de prime abord. Leur humanité, leur sensibilité, leur souffrance et leur besoin de tendresse se font doucement jour, au fil des chapitres, trop lentement, peut-être, mais j'avoue que j'ai aimé cette non-évidence, qui leur donne une grande profondeur. Le récit prend peu à peu une espèce d'ampleur dramatique, judicieusement encadré par la non-histoire d'amour tragique de Maud et son John Magee tué à la guerre et par celle, pleine de frustration et de regrets, mais d'espoir aussi, du prince Carrick et de sa Lady Gwenn.
Pour ajouter un peu d'air revigorant dans cette aventure amoureuse loin d'être reposante, on peut compter sur la présence oh combien rafraichissante de la famille Gallagher, des deux frères notamment, Aidan et Shawn, toujours aussi taquins, réconfortants et aimants. Sans oublier leurs épouses, Jude, enceinte jusqu'aux yeux, et Brenna, qui continue à titiller Shawn pour notre plus grand bonheur.
Et puis bien sûr, mention spéciale à ce petit bout de terre baigné par la mer nommé Ardmore, un lieu rendu hautement romantique par la grâce de la langue parfois très étonnamment poétique de l'auteur. Un texte vivant, drôle et vibrant. Et certaines pages sont superbement écrites, je pense par exemple aux premières pages du chapitre 15 avec la quête du saint café par Trevor, ou au chapitre 20 qui m'a fait beaucoup rire (encore une scène, à posteriori cette fois, d'ébriété, remplie d'absurdes constatations sur ce qu'aurait - ou pas - fait le héros à l'occasion d'une cuite mémorable).
Que dire de plus? Simplement que j'aurais bien continué l'aventure et que je regrette fortement de ne pas pouvoir lire de tome 4, pour le plaisir de recroiser les trois couples, et d'avoir, qui sait, d'autres nouvelles des amoureux enchantés qui ont, enfin, trouvé le bonheur.
Et qu'aux chanceuses qui n'ont pas lu cette jolie trilogie, je ne peux que leur conseiller de la noter dans un coin de leurs tablettes !
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