Lu en VO.
La série des Survivants s'ouvre donc sur l'histoire de Ewan, le troisième fils du comte de Pembroke, qui l'a toujours tenu pour un crétin imbécile en raison de son incapacité à apprendre à lire (on devine vite qu'il est atteint de dyslexie, un mal inconnu alors). A cet égard, le résumé fait une erreur, car la décision d'Ewan de devenir le garde du corps de lady Lorraine n'a absolument rien à voir avec son père, avec lequel il a coupé les ponts. C'est Ewan, et lui seul, puisqu'il doit en fait tout à lui-même etrien à personne, qui prend cette décision, pour une raison que je vous laisse découvrir.
Ewan, durant toute son enfance, a développé un fort sentiment d'incompétence, le façonnant en cet homme brut qui s'exprime en peu de mots, un homme qui aime aller droit au but lorsque d'autres empruntent des chemins tortueux. Il a développé, de par sa stature et sa force, des aptitudes physiques qui ont fait de lui le Protecteur dans le groupe de survivants de l'unité d'élite à laquelle il a appartenu lors des guerres napoléoniennes. Shana Galen prend d'ailleurs le temps d'introduire ici les relations entre ces combattants dont peu sont revenus en Angleterre, et ces portraits de guerriers rudement marqués, vivants et bien dessinés, spirituels et engageants, donnent vraiment envie d'en savoir plus sur ces hommes si différents et si liés.
J'ai particulièrement aimé découvrir Ewan : il est plutôt secret au début, et il se dévoile peu à peu au fil des chapitres, s'éloignant de plus en plus du portrait de demeuré auquel on peut être tenté de croire, pour laisser pointer sa finesse d'esprit et son humour subtil et élégant.
Pour accompagner le processus, il lui fallait affronter une miss Lorraine... Ah, Lorrie, tout un poème ! Un moulin à paroles, agitée, impulsive, qui ne cesse de le désarçonner par ses myriades de questions, qu'il remet d'un mot à sa place en une espèce de ballet oral un rien loufoque et assez hilarant. Lorrie qu'il sauve à maints reprises des périlleuses situations dans lesquelles elle se place et qui s'émeut tant de sa haute silhouette blonde et musculeuse qu'elle le surnomme Viking tout au long du récit. Voilà une héroïne lâchée à toutes barzingues comme un jeune poulain gâté et dégingandé entre les pattes d'un héros taciturne et ça fonctionne plutôt pas mal. J'ai ri à de nombreuses reprises de leurs réparties et j'ai aimé aussi les voir se découvrir, se rechercher, tomber amoureux l'un de l'autre, malgré les réactions parfois étranges de l'héroïne qui fait des choix pour le moins peu judicieux. Si elle semble parfois très infantile et un peu niaise, sa fraîcheur et son admiration pour Ewan rattrapent cette impression.
Cerise sur le gâteau, on a droit à une seconde romance, une histoire de seconde chance tout à fait inattendue qui a donné un supplément d'âme à l'histoire, et que j'ai beaucoup appréciée.
Faisant fi de la vraisemblance historique (franchement, un garde du corps âgé de 29 ans auprès d'une ingénue de la haute société, elle-même très au fait de ses "désirs charnels au début du 19ème siècle, ou se sentant capable d'enseigner à Ewan...), j'aurais été davantage conquise s'il n'y avait pas eu l'épisode final, qui m'a semblé tristement surfait, vu et revu, et tout à fait dispensable. De même, la réaction des parents de Lorrie dans les derniers chapitres avait un côté décroché et assez maladroit.
Mais, globalement, j'ai pris beaucoup de plaisir à la lecture de ce premier tome et je lirai sans doute la suite d'un œil indulgent et conquis d'avance.
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