Milady - Janvier 2015
Résumé éditeur : Jeune femme déterminée, Kate Worthington souhaite ne jamais se marier. Afin d'échapper à une famille qu'elle abhorre, elle projette de partir pour les Indes. Malheureusement, sa mère a d'autres projets pour elle et l'oblige à conclure un marché : elle sera libre de s'y rendre si elle parvient à refuser trois demandes en mariage. Kate se rend alors au manoir de Blackmoore et retrouve son cher ami d'enfance, Henry Delafield. Au cœur des landes sauvages, Kate doit faire face à la vérité qui a maintenu son coeur captif. Cette demande en mariage la libérera-t-elle vraiment ?
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Lu en VO.
Pour celles qui auront lu et apprécié Edenbrooke, ce roman aura encore une fois de quoi les faire papillonner.
L'héroïne, Kate - Non, non, surtout pas Kittie - est de nouveau une très jeune fille de 17 ans.
17 ans, la tête et le cœur farcis de certitudes et d'édits incontournables. Ne jamais jamais se marier. Partir en Indes. Visiter Blackmoore, le domaine de ses amis d'enfance et voisins, Sylvia et Henry Delafield. Des caprices, des lubies, peut-on croire naïvement tant l'auteur dessine, tout en finesse, à minuscules touches, le portrait de son héroïne dans les premiers chapitres.
La narration à la première personne, finalement, au lieu de nous offrir le large prisme des secrets de Katherine, nous la rend, étonnamment, très opaque. Des certitudes, oui, mais pour quelles motivations? Est-ce de l'égoïsme, est-ce de la lâcheté, est-ce de la maladresse, ce qui habite cette âme à fleur de peau, colérique, et fragile? Un peu de tout ça, sans doute, pour une jeune fille qui se cherche, en voie de construction. Mais Kate ne se réduit pas à cela, il va sans dire...
Et Henry, le jeune homme de 20 ans aux motifs qui semblent si certains que ses actes en deviennent nébuleux parfois, par quoi est-il motivé? L'amitié? Oui, certainement... Mais la lectrice, amenée à lire entre les lignes, se doute vite de sa vérité, ce qui le rend d'autant plus touchant, et fait de lui un héros à potentiel hautement romantique.
Peu à peu, avec une habileté et une grâce achevées, Julianne Donaldson appuie sur les traits. Son esquisse se précise, les estompes s'obscurcissent, les détails ressortent, à coups de flash-backs judicieux, de dialogues riches, parfois heurtés, soutendus de non-dits. Elle ajoute autour de la jeune fille des portes et des barreaux, enferme son héros dans un schéma prédestiné, et fait se pencher sur leurs épaules les figures mythiques d'Icare et de Phaeton. D'idéalistes rêveurs destinés à à la chute.
Au fil des chapitres, la romance s'alourdit d'une atmosphère de drame, les lumières se plombent, et on s'attendrait presque, alors que l'écriture offre encore ses rayons de lumière, à une fin terriblement funèbre.
Sauf que, genre oblige, on assiste à un lumineux happy end. Un peu court, peut-être, ce retournement final. Mais ce livre, une romance littéraire, certainement,, tout en nuances et en intelligents faisceaux croisés (les oiseaux symboles de liberté, l'évasion, les prisons, l'amour que l'on dénie, le sacrifice, l'emprise des autres, ou les ailleurs rêvés) restera une très belle expérience de lecture qui plaira à certaines. Un roman qu'on aura envie de relire pour mieux en apprécier les subtilités. Un vrai roman.
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