Avon - Décembre 1999 Rita Awards dans la catégorie "Historical Short Novel" pour l'année 2000.
Résumé éditeur (Traduction everalice) : Aucun homme, gentleman ou autre, n'a jamais regardé Edwina Bollash aussi effrontément que l'individu beau à tomber qui se tient devant elle. Edwina a accepté le défi : faire de l'indécrottable Mike Tremore un gentleman en six semaines. Et bien que la linguiste soit sûre de parvenir à bout de la tâche, elle n'est pas du tout certaine de ne pas tomber en pâmoison sous ce regard franchement sensuel avant d'achever son oeuvre.
Mike a vécu assez longtemps en dehors de la haute société londonienne pour savoir que les apparences peuvent être trompeuses. Edwina donne l'impression d'être collet-monté - la parfaite lady anglaise - mais il existe bel et bien une passion débridée sous cette apparence placide (sans parler d'une sacrée paire de jambes !). Et tandis qu'elle le prépare à prendre place dans la haute société, Mike la prépare à prendre place dans son cœur... et dans son lit.
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L'histoire
Une fille de marquis philologue (voire orthophoniste avant l'heure) et un chasseur de rats aux improbables accents gallois mâtinés de cockney s'engagent ensemble sur la voie d'un pari, en cette année 1898, sous les feux de la fée électrique, les accents cancans des bals populaires, et les rigueurs extrêmes qui modèlent encore la haute société anglaise.
Lady Edwina Bollash se fait, dans cette histoire merveilleuse, le mentor d'un séduisant homme de rien, Mike Tremore, un rien du tout, certes, mais nanti d'un incroyable charisme, d'une chaleureuse empathie teintée de joie de vivre et de bon sens, et d'un amour forcené pour les êtres qui l'entourent. Amoureux, dès les premières pages, d'une paire de jambes fantasmatiques. Un Apollon qu'Edwina n'aura de cesse de modeler à l'image du gentleman illusoire pour lequel il doit se faire passer. Mais qui modèle qui? Qui révèle qui? Qui est Mike en réalité? Et elle, Lady Edwina, est-elle réellement cette grand brindille si peu féminine qui s'enfouit si bien sous de larges chapeaux qu'elle en arrive à disparaître, si solitaire, si peu aimée? Qui maîtrise et se fait si bien le chantre de toutes les règles de bienséances qu'elle a pour le coup, depuis sa petite enfance, abdiqué toute velléité de bonheur sans contrainte et de plaisir libéré de toute peur?
La première scène est un pur moment de bonheur, avec Mike, les yeux et les oreilles collés au ras du sol chez une couturière, se perdant dans la délectable vision d'une paire de jambes infinies juchée sur un banc, reflet indiscret d'une silhouette masquée par un paravant. Puis la rencontre a lieu, une de ces scène épiques où le monde a l'air de tourner fou, avec l'invasion frénétique d'une course-poursuite en plein milieu d'un salon de thé si comme-il-faut, à la suite d'un olibrius dépenaillé, couvert de suie, à la moustache barbare et à l'accent à couper au couteau, qui se lance au secours d'un furet au risque de se faire étriper par la foule... Une sorte de folie dans le genre du cinéma muet (peu ou prou de la même période), avec l'envolée des coureurs, la valse des services à thé et la débandade de crème qui ourle le plancher. C'est Mike, l'adorable Mike, le sexy et tendre et honorable et craquant Mike Tremore, qui fait son entrée dans la vie si bien ordonnée d'Edwina.
A partir de là, tout s'enchaîne, les deux ne se quitteront plus... Et je n'ai pas pu longtemps leur résister. Leur relation, riche et puissante, ne cessera dès lors plus de prendre de l'ampleur, entremêlée de scènes amusantes, tendres, vives et intelligentes, d'autres en tension, resserrées, concentrées, pour créer un couple dont on ne peut que tomber amoureux.
Mon sentiment
Il y a de la magie chez cette auteur. De cette sorte d'émerveillement final qui fait fermer le livre les larmes aux yeux et un sourire de bienheureuse au bord des lèvres.
Judith Ivory revisite ici l'histoire de Pygmalion, avec son talent si particulier qui lui permet d'élaborer des personnages extrêmement plausibles, sensibles, et incroyablement séduisants, au fil de situations complètement invraisemblables. Après Beast, un autre de ses romans encore plus richement charnu que celui-ci, ce titre-ci m'a définitivement convaincue d'inscrire le nom de l'auteur dans mon panthéon personnel. J'adore son écriture mouvante, sculptée d'ombre et de lumière, de ralentis et de plans fixes, de demis-perceptions et de choses cachées.
When she glanced over her shoulder for reassurance, she got none : for the man she looked at wasn't a ratcatcher.
Instead she saw a tall gentleman standing beside her, straigh-postured, his top hat at an insanely right - rakish - angle, his shoulders wide as the wind off the river billowed his long dark cloak. Mick. He was shadow and light standing there in the nightfall, the back of him only a glow accross his shoulders from the torches, the front of him stark, his shirt and vest a snowy contrast to the black of his evening suit.
And his face. Dear Lord, his face. The brim of his hat cast his eyes into perfect obscurity, while the light from the reception room made the rest - the angles of his cheekbones, his straight nose, the wide, masculine set of his jaw - simply and stunningly handsome. At her side was a mysterious gentleman in a cloak blown by the wind, a cloak that cast shadows accross him, its lining flapping eerie bursts of vivid, sheening purple.
For a moment, she didn't know who he was, why he stood there, or why she was beside him. To be here felt unreal.
La fin est du grand art, car l'auteur ménage ses effets avec naturel malgré la tournure hautement improbable des événements. Un conte de fées, certes, mais si chaleureux et sensé qu'on ne peut que le refermer avec des étoiles au cœur.
Quelle grâce et quel talent !
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