Quand on est, comme moi, fan de Mary Balogh, on ne peut lire ce roman qu'avec une certaine affection, sachant qu'il doit s'agir de son second roman (il date de 1985). Ici, il est émouvant de découvrir les prémices de l'écrivaine qu'elle est devenue au fil des années pour qui l'admire. Je me demande d'ailleurs si, un jour, quelqu'un tirera de son oeuvre imposante une étude tant il y aurait matière, toute proportion gardée, bien sûr, car on est bien dans de la lecture de loisir, mais avec une once de pincée de littérature quand même !
Ici, donc, oui, on a un de ses premiers ducs, déjà fort bien esquissé, avec LE monocle et la parole douce et languide ! Un prototype qui arrivera à la perfection ultime en la personne du duc de Bewcastle, bien sûr, ou, un autre duc, qui s'impose à armes égales dans mon esprit, le duc de Tresham dans le magistral More than a Mistress (mais qu'attend J'Ai Lu pour traduire cette merveille?). Alors, certes, le duc n'est pas parfaitement "contourné" encore, bien qu'il transpire déjà de qualités et d'attributs très baloghiens : les dentelles nonchalantes sur les poignets, l'élégance discrète doublée d'une présence virile feutrée, l'ironie doucereuse et tranchante, et surtout, la passion inaltérable pour sa duchesse couplée à une insondable bienveillance.
Face à lui, on a Henry, un peu sauvageonne sur les bords, mais une sauvageonne à la mode régence, de bonne compagnie. Elle est loin de tirer le diable par la queue ! C'est une jeune fille de son temps et de qualité, qui manie la gaiété et la libre parole, sans forfanterie ni hypocrisie, un peu rayon de soleil et feu-follet. L'histoire du pari semble bien accessoire dès lors que ces deux-là se rencontrent. Les sentiments prennent vie doucement, aves élégance toujours.
Henry est une jeune femme candide, un rien naïve, mais elle ne manque pas de caractère. J'ai regretté que Mary Balogh ne l'étoffe pas davantage, tant elle vit une vie somme toute assez superficielle, juste occupée de boutiques et d'événements mondains. Jamais on ne la voit s'intéresser à quelque chose d'un peu constructif, à part à son cheval... Du coup, je me suis ausi demandé ce qu'un homme tel que le duc pouvait bien lui trouver, à part sa fraîcheur.
Autour d'eux gravite tout un panel de personnages secondaires, famille, employés, amis, et animaux. Cela rend le récit très vivant et très attachant. Il est vrai que Mary Balogh adore peupler ses univers d'une multitude de personnages, je dirais même que cela ne s'arrange pas avec les années !
Un humour léger, une élégance de ton, une sensualité douce, on retrouve aussi ces trois éléments de style particuliers à MB. Personnellement, j'adore sa façon d'écrire. Comme les développements psychologiques qu'elle affectionne particulièrement ne sont pas encore d'actualité, le tout se lit vite, sans rupture, comme une pièce de théâtre un peu vaudevilesque et un rien fouillis.
Si vous êtes curieuse et si vous avez envie d'un divertissement de qualité sans prise de tête, ce titre remplira son office !
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