Une citation

"He already missed the innate gentleness that she tried to hide. Though she had been jaded in the past few years, it was still there lurking in her eyes, in her smile, and in the tender she touched him with awe, as if she had never considered that what they found together might exist." The Duchess Takes a Husband - Harper St. George

samedi 13 août 2022

Le feu sous la dentelle d'Anna Lyra


Harlequin - Juin 2022
Résumé
Paris, 1796
En apparence, Constance s'étourdit de bals, de frivolité, et des folies de la jeunesse parisienne au lendemain de la Terreur. En réalité, une colère sourde gronde en elle : elle a tout perdu dans la violence de la Révolution. Sa famille a péri sous la lame de la guillotine, elle-même a failli les suivre, et son coeur réclame réparation. C'est dans ce contexte qu'elle rencontre Gabriel Rocheran, avocat piquant de sarcasme et fervent partisan des idées égalitaires.
Ils s'opposent dès le premier regard, les premiers mots, et pourtant ils ont désespérément besoin l'un de l'autre.

Autant annoncer la couleur de suite : ce roman-là, c'est une très belle surprise car je ne connaissais absolument pas cette autrice ! Ce qui m'a complétement emportée dans ma lecture? 

Plusieurs choses, qui, combinées, ont parfaitement matché : 

D'abord, Anna Lyra ancre son roman dans une période historique incroyable et rarement évoquée en romance, plutôt méconnue pour moi : la période du Directoire, juste après la Terreur.

Elle retranscrit avec talent le souffle de ces années post-traumatiques où les sociétés, en tout cas celle des nantis, ont cette incroyable propension à envoyer balader les anciennes conventions pour s'adonner sans barrière à toutes sortes de plaisirs et d'excès. Cela m'a rappelé Les Années Folles, exutoires de la boucherie mondiale qui venait de se clore. Ici, la jeunesse s'étourdit de plaisir, les femmes jouissant d'une liberté de ton, de tenue et d'esprit incroyables, car elles ne sont pas encore bridées par les conventions du 19ème siècle.
Anna Lyra nous projette avec force dans cette période encore mouvementée, où tout peut basculer, et où rien ni personne n'est encore affranchi de cette Terreur achevée, que ce soit dans les faits (car on guillotine et condamne encore beaucoup, et ce sentiment de danger persiste) ou en esprit (car chaque individu a tracé sa route, bon an mal an, à travers cette Révolution émancipatrice, certes, et porteuse d'espoir, mais aussi pleine de compromissions et traumatisante).
Anna Lyra crée des personnages riches et nuancés, les fils et filles parfaits de cette époque où chacun est, à sa manière, un survivant. A ce titre, Constance et Gabriel découvriront, malgré leur antagonisme de classe et de caractère apparent, combien ils sont proches et se ressemblent. Leur histoire romantique avance d'une façon crédible et intelligente, avec tout ce qu'il faut pour en faire cette belle aventure qui m'a transportée.
Certaines scènes sont fulgurantes et méritent le détour. Le début par exemple, où l'on entre dans le vif du sujet, avec Constance enfermée à la prison des Carmes et s'attendant à tout moment à être guillotinée, en compagnie de celle qui devient au cours de l'histoire (et de l'Histoire) la femme de ce général corse à l'accent improbable. Ou les flash qui hantent Gabriel et qui lui font revivre, jour après jour, la journée où les vingt-et-un députés de la Montagne, on été guillotinés.
Ce qui m'a d'ailleurs plu, c'est que les deux héros ne sont pas parfaits et de petits angelots complètement sympathiques. Chacun, avec ses convictions, illustre un choix politique ou social qui peut interroger, mais c'est en cela que leur caractère m'a semblé aussi très cohérent au vu de la période.
Je ne peux pas terminer cet avis sans dire un mot de la qualité de l'écriture. Anna Lyra m'a complètement bluffée. Je me suis dit à de nombreuses reprise, lors de ma lecture, que cette élégance, à la limité de la préciosité, mais une préciosité maîtrisée et justement dosée, complètement raccord avec l'époque, fait ressortir avec maestria cette joliesse que la langue française peut parfois renvoyer, et que les autrices anglophones n'auraient pas pu transcrire, quel que soit leur talent. Le vocabulaire choisi, les tournures de phrases, l'humour léger et piquant, sans même parler du récit ou du rythme, tout cela m'a enchantée !
Gros coup de coeur donc pour ce titre que je relirai certainement !
     / 5 







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