Il me reste peu de titres de Loretta Chase en français à découvrir... A vrai dire, je me les garde précieusement au fond de ma malle enchantée, celle qui compte mes futures lectures les plus prometteuses, mes valeurs sûres, en quelque sorte...
J'ai ouvert ce livre avec la perspective de festoyer grassement, et je n'ai absolument pas été déçue !
J'en émerge avec des étoiles au cœur !
Les héros, si présents qu'on croirait les croiser sur notre pallier, sont bien estampillés de la marque de l'auteur. James Cordier et Francesca Bonnard, produits ultra-séduisants de lignées familiales métissées (à la fois français, anglais et italiens), se régalent d'échanges fulgurants et drôles pendant leur partie de jeu du chat et de la souris. Sensuels, intelligents et cultivés, ils manient les masques à la perfection tout en se moquant bien du qu'en dira-t-on. Il faut dire que l'un est un menteur et un voleur professionnel, qui, sous couvert de ses missions au service de l'espionnage anglais, peut laisser libre court à ses instincts de mauvais garçon et de mouton noir, tandis que l'autre, vouée aux gémonies par la bonne société anglaise à la suite d'un divorce qui l'a rabaissée plus bas que terre, s'est promis d'être la plus grande courtisane de toute l'Europe, la Courtisane Flamboyante...
Mais quel secret Loretta Chase possède-t-elle pour rendre de tels personnages aussi diablement séduisants? C'est simple, j'aurais rêvé avoir Francesca pour amie, quant à James, hummm, n'en parlons pas, c'est la perfection faite homme.
Toute l'intrigue, qui se passe à Venise, se pare en plus d'une bonne dose d'exotisme, et par contrecoup, d'érotisme, car tout le texte est truffé de références italiennes et vénitiennes : les héros parlent plusieurs langues à la fois, murmurent, vocifèrent, ou se poursuivent en italien, en anglais ou en français ; il faudrait d'ailleurs sans doute lire ce roman en VO pour apprécier ce jeu des langages à sa juste mesure !
Les scènes d'opéra et les citations d'aria, les citations de Byron qui jalonnent l'histoire, ainsi que les descriptions des atmosphères, des lieux et de l'esthétisme vénitien offrent un cadre à la fois très précieux, très romantique, et très ironique (il faut lire le traitement que Loretta Chase, par l'entremise de ses héros, réserve aux Puttis, ces petits angelots baroques qui surchargent le plafond d'un salon dans le palais qu'occupe Francesca). L'évidente complicité qui se tisse entre les héros autour de cette culture frondeuse et insolente est vraiment jubilatoire.
L'intrigue semble classique, mais j'ai retrouvé ce que j'aime principalement chez Loretta Chase, à savoir qu'à partir d'un schéma plus qu'éprouvé, elle donne à lire une histoire qui sort complètement de l'ordinaire, aux saillies et aux situations imprévisibles, insolentes, caustiques et souvent complètement décalées.
Juste pour illustration, cette délectable citation, parmi tant d'autres, avec James qui évoque une connaissance :
"Il paraît qu'il a la cervelle d'un écureuil, mais il n'en reste pas moins le plus bel écureuil de la ville", ajouta-t-il en silence.
Cette apparente légèreté n'empêche pas l'auteur de doter ses héros de passés douloureux ou tumultueux, et leur recherche de bonheur se fait avec une sorte de cynisme désabusé et innocent à la fois, comme si le vernis par moments s'écaillait pour laisser paraître les êtres encore frais et pleins d'espoir qu'ils sont encore. Mais ces perspectives psychologiques restent très discrètes, pudiques et éloignées de tout pathos.
Tout en élégance, le récit amplifie leur histoire d'amour avec beaucoup de retenue, d'humour et de sensualité.
Voilà un roman vif et intelligent, léger et pétillant comme un bon champagne qui aurait du corps.
De la romance intelligente et racée... Le must !
Waouhh !! ça donne très envie de le lire. :)
RépondreSupprimerEdencoon, si tu aimes Loretta Chase, celui-ci devrait te plaire♥
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