1896, dans le Yukon, on est loin des
luxueux hôtels particuliers londoniens qui peuplent nos chers
historiques et autres A&P.
Boue et vase collante qui remontent
jusqu'aux genoux, remugles nauséeux de linge sale et de pétrole,
tentes brinquebalantes ballotées par la pluie et seuls havres de
chaleur lorsqu'il fait - 40°. Devon ne s'attend certainement pas à
tout ça lorsqu'elle débarque, vieille fille rigide et armée
de son bon sens, sur un bout de planche qui fait office de quai de
débarquement.
La vision d'horreur ne s'arrête pas
là, le pire est à venir : Rock (Cornélius, de son vrai nom), son
associé, n'est pas non plus synonyme de grande classe, loin s'en
faut : il crache, il rote, il se gratte le ventre en se couchant,
débraillé, hirsute et grossier, un vrai cauchemar.
Sauf que Miss
Tête-Froide, dite aussi miss Bon-Genre, est aussi une miss Forte-Tête, et
c'est Rock qui s'y colle, à devoir s'acclimater à cette donzelle
toute de sentences percutantes qui sait utiliser son cerveau aussi
bien que ses bras pour se faire une place - de chaleur, de douceur,
dans ce monde de "bruts".
Non, Rock n'est certes pas de ces héros
au passé romantique qui s'est réfugié dans la solitude sauvage
d'un monde préservé, même s'il y a un peu de ça. C'est un vrai misanthrope qui, en véritable rustre, se défend de son mieux contre
cette invasion de son sale petit univers.
On l'a compris, c'est la fable de la carpe et du lapin, et cette improbable rencontre donne lieu, surtout dans la première parie, à d'inénarrables réparties et trouvailles stratégiques de l'un ou de l'autre.
La romance s'installe naturellement, en douceur et en tendresse, imbriquée dans un univers qui dévoile peu à peu sa beauté, celle des hommes frustes qui l'habitent, celle de cette nature encore vierge, ou celle d'une âme d'artiste.
J'ai lu ce court roman très vite, enchantée, ravie, et touchée aussi - oui, on a quelques passages dramatiques qui serrent le cœur -, et je le recommande vivement si vous avez envie d'autre chose.
Mon seul regret, c'est cette légère impression de raccourcis et la fin m'a laissé un peu.. sur ma faim. Ce roman aurait mérité mieux.
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