Elle m'a laissée un peu perplexe.
Millie, une jeune épousée, pendant huit longues années, se met totalement en retrait, prête à se sacrifier elle-même pour assurer le bonheur de celui dont elle est douloureusement tombée amoureuse dans ses dernières années d'adolescence. Effrayée par cet amour à sens unique, elle se coupe de tout contact avec son époux, qu'elle s'évertue à considérer comme un ami - dans une sorte de cohabitation amicale et sereine.
Fitz, le mari, est complètement obnubilé par un fort sentiment de rancœur, après être tombé amoureux d'une jeune fille qui lui a tourné le dos : s'être vu refuser ce à quoi il aspirait le plus, dans toute sa verdeur de jeune homme, quelques années plus tôt, l'a résolument empêché de tourner la page. Un rien immature et égocentriste, il ne cesse de rêver à cette Isabelle, son amour de jeunesse, élevée au rang de parfaite et idyllique dulcinée. Au fil des années, il s'est donc contenté de côtoyer sa femme, Millie, épousée pour des raisons financières, qui lui reste inconnue, effacée et réservée, mais avec laquelle il a tissé, imperceptiblement, des liens quasi invisibles.
Huit ans, pour tous les deux, c'est bien le temps nécessaire pour gagner en maturité et en assurance. Pour apprendre à faire les bons choix, pour voir au-delà des apparences et des folles envolées lyriques de la folle jeunesse.
Mais ils auront droit, bien sûr, à leur Happily Ever After...
Mon sentiment
Leur relation m'a un peu mise mal à l'aise. J'ai eu, pendant les deux tiers de ma lecture, l'impression que Sherry Thomas hésitait entre deux héroïnes pour un héros - Isabelle? Millie?
Vers la fin, l'auteur semble tout à coup caricaturer le personnage d'Isabelle pour mieux nous en démontrer la vacuité, et surtout, nous ouvrir les yeux sur l'évidence du lien qui unit Fitz et Millie. Ce procédé, trop simple et manquant de subtilité, m'a un peu étonnée de la part d'une auteur qui maîtrise habituellement les ressorts psychologiques, usant d'élégance et de subtilité, sans avoir besoin de recourir à ces sortes de béquilles extérieures. Par contrecoup, le revirement de Fitz, qui passe du statut d'ami presque indifférent à celui d'amoureux passionné vis-à-vis de Millie, a été dur à avaler.
Le tout, en fin de compte, m'a laissé une impression un rien mélancolique. Et si je n'ai pas détesté, je n'ai pas non plus été franchement convaincue. Malgré tout, l'écriture de Sherry Thomas, son plus grand atout ici, à mon avis, reste élégante et agréable à lire, autour d'une histoire bien construite.
Deuxième titre de la série des Fitzhugh, je reste, comme pour le premier tome, sur ma faim, car je n'ai pas réussi à entrer dans la relation des personnages. Quel dommage ! Il m'a manqué les fortes émotions d'un Délicieuse, d'un Nous resterons ensemble, ou d'un Celle que j'attendais, mes romans préférés de l'auteur à ce jour. Néanmoins il se laisse lire et sans doute ce titre-ci trouvera-t-il son public aussi.
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